Au moins douze personnes ont été tuées dimanche dans l'attaque d'un grand hôtel de la capitale somalienne, Mogadiscio, par des islamistes shebab qui ont utilisé un véhicule bourré d'explosifs pour se frayer un chemin à l'intérieur de l'établissement, a annoncé la police.
Les insurgés shebab, affiliés à Al-Qaïda, ont revendiqué l'attaque qui a eu lieu à l'aube dans l'hôtel Sahafi, situé près du carrefour K4 et fréquenté par des parlementaires, des fonctionnaires et des hommes d'affaires.
Les shebab ont affirmé qu'ils étaient encore en train de se battre à l'intérieur de l'hôtel. Mais la force militaire de l'Union africaine en Somalie (Amisom), qui combat les shebab aux côtés du gouvernement somalien, a assuré avoir sécurisé le bâtiment.
"Nous avons des informations faisant état de douze morts", a déclaré un responsable de la police, Abdulrahid Dahir. "Les agresseurs ont fait exploser une voiture piégée pour ouvrir un passage avant d'entrer à l'intérieur de l'hôtel".
Des témoins ont rapporté avoir vu plusieurs corps de personnes tuées dans l'explosion initiale, quand un minibus rempli d'explosifs aurait été lancé sur le portail de l'hôtel. Une seconde forte explosion a été entendue.
Les shebab se sont ensuite précipités à l'intérieur. Des témoins ont fait état d'intenses échanges de coup de feu et d'autres déflagrations.
"Il y a eu une énorme explosion et des gens auprès de l'entrée ont été tués", a expliqué Mohamed Ismael, un témoin.
Les shebab, qui luttent pour renverser le gouvernement somalien, soutenu par la communauté internationale, ont déjà mené par le passé plusieurs attaques contre des hôtels de Mogadiscio.
Le recours à des véhicules remplis d'explosifs et conduits par des kamikazes, pour ouvrir l'accès à des assaillants à pied vers l'intérieur d'un bâtiment, est une tactique fréquemment employée par les shebab.
Comme d'autres établissements internationaux de Mogadiscio, le Sahafi est fortifié. C'est dans cet hôtel que deux agents des services de renseignement français avaient été enlevés en 2009. L'un avait ensuite réussi à s'échapper, mais l'autre avait été tué par les shebab lors d'une opération destinée à le libérer en 2013.
- Opérations de guérilla -
Un porte-parole des shebab, Abdulaziz Abu Musab, a déclaré dans un communiqué que "les combattants moudjahidines (avaient) pris le contrôle de l'hôtel Sahafi, où des apostats et des envahisseurs chrétiens résidaient".
"Les moudjahidines mènent des opérations à l'intérieur de l'hôtel après en avoir pris le contrôle", a-t-il affirmé.
Mais l'Amisom, qui est forte de 22.000 hommes, a certifié avoir sécurisé l'hôtel. "Le gouvernement somalien et l'Amisom ont pris le contrôle (de l'hôtel)", a-t-elle déclaré dans un bref communiqué.
Les shebab, chassés depuis mi-2011 de Mogadiscio, puis de leurs principaux bastions du centre et du sud somaliens, contrôlent toujours de larges zones rurales, d'où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats suicide - parfois jusque dans la capitale somalienne - contre les symboles du fragile gouvernement somalien ou contre l'Amisom.
Ils ont aussi mené une série d'attaques meurtrières au Kenya voisin, qui fournit des troupes à l'Amisom depuis octobre 2011.
Cette semaine, le président somalien Hassan Sheikh Mohamud a demandé aux shebab de se rendre, alors que des informations ont fait état d'un changement d'allégeance de certaines factions, qui auraient quitté Al-Qaïda et seraient désormais affiliées au groupe Etat islamique (EI).
M. Mohamud a estimé que ces divisions étaient "symptomatiques d'un groupe en pleine perdition" et a prévenu que les Somaliens "n'avaient pas besoin d'une nouvelle manière de répandre l'horreur et la répression".
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