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Ankara (AFP). En Turquie, dernière mobilisation avant les législatives

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Ankara (AFP). En Turquie, dernière mobilisation avant les législatives
Des partisans du Premier ministre turc Ahmet Davutoglu, lors d'un rassemblement à Ankara, le 31 octobre 2015 à la veille des élections législatives - AFP
La campagne électorale s'est achevée samedi en Turquie à la veille de législatives qui ne devraient pas permettre au très contesté régime islamo-conservateur de reprendre son règne sans partage à la tête d'un pays déchiré par les violences et les tensions. Le 7 juin, le parti du président Recep Tayyip Erdogan avait essuyé un sérieux revers. Bien qu'arrivé en tête avec 40,6% des voix, il avait perdu la majorité absolue qu'il détenait depuis treize ans au Parlement, plongeant la Turquie en pleine instabilité. Ce revers a sonné, provisoirement, le glas de l'ambition du chef de l'Etat d'imposer une "superprésidence" aux prérogatives renforcées. Convaincu de pouvoir se "refaire", l'homme fort de la Turquie a laissé s'enliser les discussions pour la formation d'une coalition et convoqué des élections anticipées. Samedi, le Premier ministre sortant Ahmet Davutoglu et ses rivaux de l'opposition ont mobilisé une dernière fois leurs troupes avec l'espoir de faire mentir les sondages, qui pronostiquent la répétition des résultats sortis des urnes il y a cinq mois. Les enquêtes d'opinions créditent cette fois son Parti de la justice et du développement (AKP) de 40 à 43% des intentions de vote, un score insuffisant pour gouverner seul. "La Turquie a besoin d'un gouvernement fort et malin en cette période critique", a lancé M. Davutoglu devant des milliers de partisans à Ankara. "Nous allons définitivement débarrasser la Turquie de la terreur, des affrontements, de la violence et de l'adversité", a-t-il ajouté, promettant dimanche un "jour de victoire" pour son parti. Ces dernières semaines, la deuxième campagne électorale de l'année s'est déroulée dans une atmosphère âpre, marquée par une montée spectaculaire des violences. Depuis l'été, le conflit armé qui oppose depuis 1984 les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) aux forces de sécurité turques a repris dans le sud-est à majorité kurde du pays, et enterré le fragile processus de paix engagé il y a trois ans. La guerre qui sévit depuis quatre ans en Syrie a également gagné la Turquie. Après celui de Suruç (sud) en juillet, un attentat suicide perpétré par deux militants du groupe jihadiste Etat islamique (EI) a fait 102 morts le 10 octobre à Ankara. Cette monté des violences inquiète de plus en plus ouvertement les alliés occidentaux de la Turquie, à commencer par l'Union européenne soumise à un flux croissant de réfugiés, pour l'essentiel syriens, en provenance de son territoire. - 'Règne d'un seul homme' - Même s'il a cette fois renoncé à faire ouvertement campagne comme en juin, le président turc a continué à peser de tout son poids pour un "gouvernement d'un seul parti". "Cette élection doit permettre de maintenir la stabilité et la confiance", a répété samedi M. Erdogan devant la presse. "Si Dieu le veut, les électeurs voteront demain pour protéger notre unité nationale sans céder aux organisations terroristes". Depuis des semaines, l'opposition a réclamé la fin de son "règne d'un seul homme". "La culture du compromis est une règle de base de la démocratie. Nous la soutenons. Mais si quelqu'un veut imposer sa seule loi, ce qu'il dit devient source de tensions", a déploré le chef de l'opposition social-démocrate Kemal Kiliçdaroglu à Istanbul. Son homologue nationaliste Devlet Bahçeli a critiqué à Adana (sud) la dérive "autocratique" de M. Erdogan, accusé d'avoir "violé la Constitution". Dans ce contexte de polarisation extrême, les analystes politiques doutent des résultats des nouvelles discussions de coalition qui s'annoncent et anticipent déjà, en cas d'échec, un nouveau scrutin dès le printemps prochain. "Les électeurs sont fatigués des élections", a prévenu Ozgur Unluhisarcikli, du German Marshall Fund à Ankara, "le parti qui entraînerait le pays dans une troisième élection serait sévèrement puni par les électeurs". Près de 400.000 policiers et gendarmes ont été mobilisés pour assurer la sécurité du scrutin, notamment dans le sud-est à majorité kurde.

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