Le groupe Amaury, propriétaire de L'Equipe et du Tour de France, a annoncé vendredi avoir finalisé la cession du quotidien Le Parisien/Aujourd'hui en France au groupe de luxe LVMH de Bernard Arnault, déjà propriétaire des Échos, pour se recentrer et "accélérer" ses activités dans le sport.
Après cette cession, dont le montant n'a pas été communiqué, "le Groupe Amaury va accélérer la croissance de ses activités sportives autour de ses filiales A.S.O. et L?Équipe dans un marché dynamique", a indiqué Philippe Carli, directeur général du Groupe Amaury, cité dans un communiqué.
Outre l'information sportive avec L?Équipe, Amaury est spécialiste de l?organisation de compétitions sportives en France et à l?international, avec notamment des marques comme Le Tour de France ou Le Dakar.
Selon le Figaro, le groupe de Bernard Arnault n'aurait offert que 50 millions d'euros pour les deux titres Le Parisien et Aujourd'hui en France, qui se vendent, en cumulé, à 378.000 exemplaires par jour, et génèrent 185 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel. Ce prix ne serait que le quart des 200 millions réclamés par Amaury lors d'une précédente tentative de vente en 2010.
Fort de cette vente et des liquidités apportées par cette opération, Amaury se donne les moyens de développer le groupe L'Equipe et notamment sa chaîne de télévision L'Equipe 21.
Dans l'ombre des chaînes payantes, le seul canal consacré au sport diffusé sur la TNT gratuite, pourrait se positionner sur l'achat de droits sportifs, malgré le contexte de "surenchère" actuel, estime Jean-Philippe Gayant, économiste du sport.
Grâce à une stratégie "opportuniste", la chaîne a déjà réalisé l'acquisition de "petits" droits comme le football russe ou le hockey-sur-glace pour capter une partie de l'audience des passionnés de ces sports.
L'arrivée de Cyril Linette (ancien patron des sports de Canal+) à la tête de L'Equipe et la nomination de Fabrice Jouhaud, longtemps patron du quotidien, pour piloter L'Equipe 21, vont dans ce sens.
Le groupe, qui organise le Marathon de Paris, entend aussi développer les "services autour de la pratique sportive en France et à l?international", avait déclaré en mai M. Carli dans un entretien aux Echos, en n'écartant pas des acquisitions notamment dans le "digital sportif", un secteur en plein développement.
- Complémentarité -
LVMH, déjà propriétaire du quotidien économique Les Échos et de l'hebdomadaire Investir-Le Journal des Finances, avait annoncé en mai son intention de racheter Le Parisien/Aujourd'hui en France, deuxième quotidien français.
Le Parisien a réussi à redresser ses comptes après quatre ans de déficit, suite à un sévère plan d'économies. Mais il reste affaibli par des ventes en recul de quelque 8% par an depuis 2 ans et la crise du marché publicitaire. Il est aussi en retard dans le numérique.
En s'offrant à bon compte des titres papier, Bernard Arnault suit les traces d'autres milliardaires français comme Patrick Drahi, propriétaire de Numericable-SFR, qui a récemment racheté Libération et l'Express, de Xavier Niel (Free), coactionnaire du Monde et du Nouvel Observateur, et avant eux de Serge Dassault, qui possède le Figaro.
La complémentarité entre les deux quotidiens peut-être une bonne idée, considère certains observateurs.
"Francis Morel (directeur du groupe Les Echos, ndlr) est assez fin pour savoir que Le Parisien est bien positionné en milieu de gamme et sans couleur politique affichée", explique Patrick Eveno, historien et économiste des médias.
"C'est un modèle économique qui marche bien car très lu dans les bistrots et les publicitaires savent bien que chaque exemplaire est lu par une dizaine de personnes, contre deux ou trois pour les autres", estime-t-il.
Francis Morel, qui doit s'adresser à la rédaction du Parisien mercredi, a déclaré à l'AFP que "l'indépendance des rédactions était fondamentale mais ce que je veux c'est que l'on travaille sur des synergies ailleurs". "Un déménagement est prévu pour la deuxième moitié de 2017", a-t-il ajouté, à propos du futur rapprochement physique des deux titres.
Côté syndicats, Olivier Corsan, délégué SNJ du Parisien, promet d'être "vigilant sur les promesses de Francis Morel: le maintien des effectifs et le respect de la ligne éditoriale".
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