Aux confins du Pakistan et de l'Afghanistan, des milliers de survivants du puissant séisme s'apprêtaient jeudi à passer une quatrième nuit dans les décombres de leurs maisons effondrées, appelant à l'aide le gouvernement pakistanais.
La secousse de magnitude 7,5, qui a fait plus de 390 morts lundi, a détruit beaucoup plus d'habitations qu'initialement estimé, selon les autorités pakistanaises, alors que la neige a déjà commencé à arriver dans ces régions montagneuses.
Le séisme a également endommagé des routes et infrastructures de télécommunication, entravant le travail des secours, déjà compliqué en raison de la topographie et de la présence de rebelles talibans dans certaines zones.
"Après le 15 novembre, il y aura plus d'un mètre de neige ici, et nous n'avons rien pour nous abriter," souligne Mir Wali, un habitant du village de Charun Ovir, situé à 3.000 mètres d'altitude, dans la province pakistanaise de Khyber Pakhtunkhwa (nord-ouest), la plus touchée du pays.
Après plusieurs jours d'efforts, l'Autorité pakistanaise de gestion des catastrophes naturelles (NDMA) a assuré jeudi avoir "accédé à la plupart des régions sinistrées". Mais un porte-parole a indiqué que "des hélicoptères continuent à chercher des survivants dans des zones isolées et inaccessibles".
Elle a estimé que 25.000 habitations avaient été détruites, contre 14.000 recensées jusque là.
Dans le district de Chitral, où se trouve le village de Charun Ovir, des familles entières se retrouvent à dormir dehors par des températures déjà glaciales.
Le gouvernement doit agir avant les premières chutes de neige, a averti Mir Wali, alors que le village n'a ni électricité ni eau potable, et 50 tentes à partager entre 150 à 200 familles. "Après cela, les routes seront bloquées, et nous ne pourrons pas sauver nos enfants", souligne-t-il.
La montagne, où des fissures sont apparues après la secousse de lundi, émet des nuages de poussière, faisant craindre des effondrements ou glissements de terrain.
"Ne sommes-nous pas Pakistanais ? Aujourd'hui nous avons besoin du Pakistan", a-t-il lancé.
L'armée pakistanaise a pris la tête des opérations de secours, envoyant matériel et nourriture dans les zones sinistrées.
- Reconstruire avant l'hiver -
Les stocks d'urgence locaux, déjà sollicités lors d'inondations dévastatrices il y à trois mois à Chitral, s'épuisent.
"Comment pouvons-nous répondre aux besoins, alors qu'il ne nous restait plus que 70 tentes ?", s'inquiète un responsable du village voisin de Darosh, où 2.500 maisons se sont écroulées.
Shahroon, un autre habitant du district, dit que sa famille restera si le gouvernement l'aide à reconstruire sa maison avant l'arrivée de la neige.
"Sinon, nous irons à Rawalpindi ou Peshawar", dans les plaines plus au sud, "ou dans d'autres villes, où nous mendierons sur les routes", a-t-il ajouté.
Si l'épicentre se situait en Afghanistan, la majorité des victimes décomptées se trouve au Pakistan voisin, avec plus de 272 morts et 2.000 blessés.
En Afghanistan, les autorités ont revu le bilan à la hausse jeudi avec 121 morts, des centaines de blessés et 8.000 habitations détruites par la secousse. Le bilan risque d'augmenter, d'autant que la présence de talibans empêche l'accès à nombre des zones sinistrées.
Un représentant des Nations unies en Afghanistan, Mark Bowden, a estimé que les ONG semblaient être équipées pour faire face au tremblement de terre. Mais l'accès aux régions touchées "change d'un commandant (insurgé) à l'autre" souligne-t-il.
Nombre de survivants étaient toujours livrés à eux même dans les montagnes du Badakhshan, la province où se trouvait l'épicentre, dont une bonne partie est aux mains des insurgés islamistes.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.