Le voyagiste français Fram a "décidé de se placer sous la protection du tribunal de commerce de Toulouse", une procédure devant "faciliter sa reprise dans des délais succints" par le groupe français Karavel-Promovacances, seul candidat encore en lice, a annoncé jeudi sa direction.
Le dépôt de bilan du groupe, qui englobe également Voyage Fram, Fram agence, Plein vent et Fram nature, a été annoncé aux 651 salariés de l'entreprise, selon un décompte du groupe, lors d'un Comité d'entreprise extraordinaire (CEE) convoqué dans la matinée.
La première audience devant le tribunal de commerce est fixée à vendredi, a indiqué à l'AFP la direction, précisant qu'un administrateur pourrait être nommé pour assister le groupe dans son projet de cession.
Lors du CEE, l'offre de Karavel-Promovacances qui demandait en préalable un dépôt de bilan du groupe n'a en revanche pas été détaillée.
"Nous n'avons pas plus d'informations quant à un éventuel repreneur. Karavel est dans la course. C'est au tribunal de décider", a déclaré en sortant du CEE Thouraya Ferchichi, élue CFDT, syndicat non majoritaire.
"Compte tenu de l'avancée des discussions en cours, le Groupe Fram demeure confiant dans l'arrivée prochaine d'une issue favorable", a indiqué le groupe dans un communiqué.
Pour les clients de Fram, cette procédure devrait être sans conséquence. Selon Jean-Pierre Mas, président du syndicat autonome des agences de voyage, ils sont protégés par l'organisme de garantie financière de la profession et "seront remboursés" s'ils ne peuvent pas partir ou si un hôtelier leur demande de payer à nouveau leur séjour.
Depuis une semaine et après le retrait de l'offre du conglomérat chinois HNA, associé à un partenaire minoritaire français, cette procédure semblait inéluctable. La situation financière du voyagiste, toujours l'un des plus importants de France en nombre de clients (environ 300.000 par an), était intenable.
A l'origine: le printemps arabe qui a entraîné une désaffection du Maghreb où il était fortement implanté, l'essor des vols low-cost et la montée en puissance d'internet.
Mais il y a eu aussi le combat fratricide des deux actionnaires majoritaires -chacun près de 40% du capital-, Georges Colson et sa demi-s?ur Marie-Christine Chaubet, conjugué à une valse de dirigeants.
- La fin d'une saga familiale -
Avec ce dépôt de bilan, c'est la fin d'une saga familiale.
Fram, acronyme de Fer Route Air Mer, est née après-guerre en 1949, créé par Philippe Polderman. Cette marque emblématique, qui a participé à la démocratisation des vacances au soleil, a commencé, avec quatre salariés, par acheter des autocars pour relier Toulouse à Barcelone alors que les Baléares étaient en train de devenir une destination-phare.
Dès la fin des années 1950, elle a affrété ses premiers avions.
Fram a poursuivi son développement avec une série d'acquisitions d'hôtels au Maroc, en Tunisie, ou encore en Espagne et le lancement en 1984 du label Framissima, sa populaire chaîne d'hôtels-clubs.
A son zénith, en 1999-2000, le groupe a dépassé les 600.000 clients.
En 2013 et 2014, miné par les pertes, Fram a cédé une partie de ses actifs, mais le groupe a reçu le coup de grâce cette année avec les deux attentats meurtriers en Tunisie en mars et juin.
Pour les employés se pose la question des salaires. "C'est une question, ils seront payés alors après par qui, nous n'avons pas la réponse", a admis l'élue CFDT.
Karavel, repreneur potentiel, créé en 2000 par Christian Blanc, ancien patron d'Air France, est détenu à 75% par le fonds LBO France depuis mai 2011. Spécialisé dans la vente de séjours sur internet, il a racheté en 2001 Promovacances, devenu sa marque phare. Il exploite aujourd'hui une douzaine de marques et emploie 700 salariés.
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