Des pourparlers pour tenter de trouver une solution politique au conflit en Syrie reprennent jeudi à Vienne entre les chefs des diplomaties américaine, russe, turque et saoudienne, qui ouvriront vendredi leurs discussions à l'Iran, une première pour le principal allié de Damas au Proche-Orient.
Après une première rencontre vendredi dernier dans un palace viennois, une réunion entre le Russe Sergueï Lavrov, l'Américain John Kerry, le Saoudien Adel al-Jubeir et le Turc Feridun Sinirlioglu, est de nouveau programmée pour la fin de journée (18h00 GMT) afin d'évoquer les perspectives d'un règlement en Syrie, où la guerre civile a fait plus de 250.000 morts depuis 2011.
Vendredi, des pourparlers élargis à d'autres diplomaties régionales et européennes incluront notamment le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, marquant un tournant diplomatique majeur voulu par Moscou, soutien clé de Damas.
C'est la première fois que l'Iran sera représenté à une réunion internationale sur la Syrie. En 2012, ce pays n'avait pas participé à la conférence dite de Genève-1, et son invitation à participer à Genève-2 en 2014 avait été retirée par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon en raison de l'opposition des États-Unis et de l'Arabie saoudite, a rappelé la porte-parole de la diplomatie iranienne.
"Cette conférence est bienvenue. Il est bon que nous nous rencontrions", a déclaré jeudi, au parlement européen à Strasbourg, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius.
"Il peut y avoir un accord sur une méthode mais un accord sur le fond, malheureusement, c'est encore prématuré. Il y aura certainement plusieurs sessions", a-t-il ajouté.
L'Iran chiite et l'Arabie saoudite sunnite - les deux grandes puissances rivales de la région - s'opposent ouvertement sur la Syrie. Téhéran apporte un soutien financier et militaire direct au régime de Damas alors que l'Arabie saoudite soutient les groupes rebelles et participe aux frappes aériennes de la coalition internationale emmenée par les États-Unis contre le groupe jihadiste État islamique (EI).
La Russie insiste depuis le début du conflit en Syrie sur la participation de l'Iran à un règlement politique. Mais les États-Unis s'y opposaient fermement, avant d'amorcer une inflexion surprise de leur position.
Arrivé à Vienne jeudi dans la matinée, John Kerry a prévu plusieurs entretiens avant la réunion quadrilatérale, notamment avec l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura.
Le défi créé "n'est rien moins qu'une course pour sortir de l'Enfer", avait lancé M. Kerry avant son départ. Ces pourparlers représentent "l'occasion la plus prometteuse de (trouver) une ouverture politique", avait-il jugé.
Son porte-parole John Kirby avait ajouté : "Nous pouvons nous attendre à ce que des choses comme le rôle (du président syrien) Bachar el-Assad dans la transition soit discuté () Il y a débat sur la durée de cette transition : nous allons pouvoir demander à chacun combien de temps il estime que pourra durer une transition réussie".
- 'Test' pour l'Iran -
Aux chefs des diplomaties américaine, russe, saoudienne et turque se joindront également vendredi leurs homologues libanais et égyptien. Les ministres français Laurent Fabius, britannique Philip Hammond, et allemand Frank-Walter Steinmeier, ainsi que Federica Mogherini, qui dirige la diplomatie européenne, seront aussi présents.
Pour l'Arabie saoudite, ces pourparlers seront l'occasion de tester "le sérieux" de l'Iran et de la Russie en vue d'un règlement négocié.
"Le fait que les Saoudiens aient accepté la présence des Iraniens à Vienne est déjà significatif. C'est pour cela qu'on peut s'attendre à ce que ce ne soit pas une réunion pour rien", confie à l'AFP Karim Bitar, directeur de recherches à l'Institut français des relations internationales (IFRI), qui n'attend pas d'"accord définitif", mais "le début d'une nouvelle phase".
Le sort du président syrien continue de diviser Washington et Moscou.
Mais "la crise des réfugiés en Europe a convaincu tout le monde qu'on avait besoin d'une phase de transition, que l'autoritarisme de Bachar el-Assad était un moindre mal. Ce n'aurait pas été possible il y a deux ans", estime M. Bitar.
Washington et ses partenaires soupçonnent la Russie, engagée depuis le 30 septembre dans une campagne de bombardements aériens intensifs en Syrie, de vouloir par ces raids sauver le chef de l'Etat syrien. Moscou affirme de son côté intervenir contre le "terrorisme".
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