Les secours estimaient jeudi avoir atteint la plupart des populations affectées par le séisme au Pakistan, mais le désespoir gagnait des milliers de survivants qui attendent toujours l'arrivée de l'aide alors que l'hiver menace.
La secousse de magnitude 7,5 qui a fait plus de 390 morts et détruit des milliers d'habitations lundi au Pakistan et en Afghanistan, a également endommagé des routes et infrastructures de télécommunication.
Cela entrave le travail des secours, déjà compliqué en raison de la topographie escarpée de la région touchée et de la présence de rebelles talibans dans certaines zones.
L'Autorité pakistanaise de gestion des catastrophes naturelles (NDMA) a assuré jeudi avoir "accédé à la plupart des régions sinistrées". Mais un porte-parole a indiqué que "des hélicoptères continuent à chercher des survivants dans des zones isolées et inaccessibles".
Si l'épicentre se situait en Afghanistan, la majorité des victimes décomptées se trouve au Pakistan voisin, avec plus de 272 morts, 1.900 blessés et 14.000 maison détruites.
La situation était particulièrement difficile dans le district montagneux de Chitral, à l'extrême nord-ouest du Pakistan, déjà touché par des inondations dévastatrices il y a trois mois.
"Après le 15 novembre, il y aura plus d'un mètre de neige ici, et nous n'avons rien pour nous abriter," souligne Mir Wali, dont le village de Charun Ovir se situe à 3.000 mètres d'altitude.
La montagne, où des fissures sont apparues après la secousse de lundi, émet des nuages de poussière, faisant craindre des effondrements ou glissements de terrain.
"Quoique le gouvernement puisse faire, il faut qu'il le fasse avant les chutes de neige", a averti M. Ovir. "Après cela, les routes seront bloquées, et nous ne pourrons pas sauver nos enfants", souligne-t-il, alors que le village n'a ni électricité ni eau potable, et 50 tentes à partager entre 150 à 200 familles.
L'armée pakistanaise a pris la tête des opérations de secours, envoyant matériel et nourriture dans les zones sinistrées.
- reconstruire avant l'hiver -
Mais la météo entrave les opérations à Chitral, où les stocks d'urgence locaux, déjà sollicités lors des inondations de l'été, s'épuisent. Des familles entières se retrouvent à dormir dehors par des températures déjà glaciales.
Shahroon, un habitant du district, dit que sa famille restera si le gouvernement l'aide à reconstruire sa maison avant l'arrivée de la neige.
"Sinon, nous irons à Rawalpindi ou Peshawar", dans les plaines plus au sud, "ou dans d'autres villes, où nous mendierons sur les routes", a-t-il ajouté.
En Afghanistan, les autorités ont revu le bilan à la hausse jeudi avec 121 morts, des centaines de blessés et 8.000 habitations détruites par la secousse. Le bilan risque d'augmenter, d'autant que la présence de talibans empêche l'accès à nombre des zones sinistrées.
Un représentant des Nations unies en Afghanistan, Mark Bowden, a estimé que les ONG semblaient être équipées pour faire face au tremblement de terre. Mais l'accès aux régions touchées "change d'un commandant (insurgé) à l'autre" souligne-t-il.
Une bonne partie de la province du Badakhshan, où se trouvait l'épicentre, ainsi que d'autres zones touchées, sont aux mains des insurgés islamistes.
Le mouvement taliban a appelé mardi ses combattants à apporter leur "aide inconditionnelle" aux secours, mais les combats n'ont pas cessé pour autant, y compris dans le nord-est frappé par le séisme.
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