Enlisé dans le scandale des moteurs truqués, Volkswagen est passé dans le rouge au troisième trimestre pour accuser sa première perte trimestrielle en plus de 15 ans, mais compte toujours vendre autant de voitures en 2015 que l'an dernier.
Le géant automobile avait déclenché la plus grande crise de son histoire en septembre, en reconnaissant avoir installé sur les moteurs diesel de 11 millions de véhicules dans le monde un logiciel capable de fausser les résultats des tests antipollution.
"Nous devons accepter l'entière responsabilité de ce qui s'est passé", a fait amende le nouveau patron Matthias Müller, pour sa première séance publique de questions/réponses depuis sa nomination.
M. Müller a réitéré l'engagement de Volkswagen à faire la lumière sur le scandale et à "punir les responsables". Mais il a aussi voulu dédramatiser avec l'annonce d'une nouvelle stratégie à l'horizon 2025, qui sera présentée courant 2016, ainsi que des orientations de réformes.
Le groupe va réexaminer la rentabilité de ses quelque 300 véhicules et accorder plus d'autonomie à ses douze marques (des citadines Seat aux voitures de sport Porsche, en passant par les camion MAN et Scania), pour faire de Volkswagen une entreprise pour laquelle travailler soit "plus fun", selon M. Müller.
Il s'éloigne ainsi de l'héritage de son prédécesseur, Martin Winterkorn, connu pour son obsession du détail et sa culture autoritaire, sans pour autant renier la stratégie 2018 mise en place par celui-ci. Elle doit voir Volkswagen détrôner Toyota comme champion mondial des ventes à cet horizon, alors que le japonais est repassé en tête sur les neuf premiers mois de 2015.
Malgré ces bonnes intentions, le constructeur de Wolfsburg (nord) enregistre son premier trimestre dans le rouge depuis plus de 15 ans, avec une perte nette de 1,67 milliard d'euros entre juillet et septembre. Un trou pleinement dû aux 6,7 milliards d'euros de provisions mises de côté par le groupe pour faire face au scandale.
Ces résultats sont toutefois moins sombres que prévu. Les analystes interrogés par le fournisseur de services Factset misaient sur une perte nette de 2,11 milliards. La perte d'exploitation de Volkswagen, à 3,48 milliards, est globalement conforme aux attentes. Cela semblait satisfaire les investisseurs qui propulsaient l'action à la tête de l'indice Dax de la Bourse de Francfort. A 15H19 GMT, le titre gagnait 4,23% à 109,60 euros.
- "Coût final ?" -
Volkswagen doit gérer le rappel de 8,5 millions de voitures en Europe et 480.000 aux Etats-Unis après ses aveux. Une opération difficile, qui va lui coûter des milliards et alimente les spéculations.
Conséquence directe, le constructeur de Wolfsburg (nord) a revu ses ambitions à la baisse pour l'année 2015. Il vise désormais un résultat d'exploitation "nettement inférieur à celui de 2014".
Le scandale grève la rentabilité du géant automobile, mais n'a pour l'instant "aucun effet sur les ventes et les commandes" a martelé Volkswagen mercredi. Le groupe vise toujours des ventes de voitures "stables" en 2015 par rapport à l'an dernier. Il vise toujours un chiffre d'affaires 2015 jusqu'à 4% plus élevé que l'an dernier et maintient son objectif de marge opérationnelle.
Cette prévision "risque d'être optimiste", a critiqué Harald Hendrickse, analyste chez Morgan Stanley. "Quel sera le coût final" du scandale ?, s'interroge-t-il, déplorant que le groupe de Wolfsburg (nord) n'offre "aucune nouveauté sur le sujet".
M. Müller s'est justifié en expliquant qu'il est encore impossible de chiffrer les différents coûts des amendes encourues et multiples procédures judiciaires dont il fait l'objet dans de nombreux pays. Volkswagen fera des provisions supplémentaires lorsqu'il aura plus de visibilité.
En Espagne, la justice a d'ailleurs annoncé mercredi l'ouverture d'une enquête contre Volkswagen pour escroquerie.
"A l'heure actuelle, nous estimons le coût total du scandale, incluant les amendes, les rappels et les dédommagements, à au moins 30 milliards d'euros", estime Frank Schwope, analyste chez NordLB.
De quoi inquiéter en Allemagne, où Volkswagen reste le premier employeur privé. Sa crise a jeté l'opprobre sur la qualité des produits allemands, d'habitude plébiscités à l'étranger. Au point que le ministre de l'Economie Sigmar Gabriel a demandé aux chambres de commerce allemandes à l'étranger d'oeuvrer pour protéger la marque "Made in Germany".
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.