Le bout de la course est en vue pour les prix littéraires avec, dès jeudi, la remise du premier prix de la saison, celui de l'Académie française, avant le prestigieux Goncourt, bon nombre de romanciers ayant cette année trouvé en Orient leur inspiration.
Le jury Goncourt, réuni au musée du Bardo à Tunis, a retenu mardi ses quatre finalistes: Nathalie Azoulai, Mathias Enard, Hédi Kaddour et Tobie Nathan. La grosse surprise est l'élimination du romancier francophone algérien Boualem Sansal.
Hédi Kaddour, né à Tunis il y a 70 ans, tient désormais la corde avec son roman "Les Prépondérants" (Gallimard): outre le Goncourt, il figure dans les sélections du Femina, du Medicis et du grand prix du roman de l'Académie française.
Son troisième roman est le récit haletant d'une société coloniale figée des années 1920 en Afrique du Nord.
Boualem Sansal, qui a un temps figuré dans toutes les sélections pour son roman "2084" (Gallimard), récit courageux décrivant un Etat religieux totalitaire et fanatique, pourrait être le grand oublié des prix.
Il ne reste qualifié que pour le grand prix du roman de l'Académie française, du Femina et de l'Interallié.
Parmi les autres finalistes du Goncourt, Nathalie Azoulai, sélectionnée pour "Titus n'aimait pas Bérénice" (POL), un roman très contemporain à l'ombre de Racine, demeure également en lice pour le Femina et le Medicis. Pour Mathias Enard ("Boussole", Actes Sud) et Tobie Nathan ("Ce pays qui te ressemble", Stock) ce sera le Goncourt ou rien.
Comme pour Kaddour, c'est la terre d'Orient qui a inspiré Enard et Nathan.
Un des objectifs de "Boussole" est de lutter contre l?image simpliste et fantasmée d?un Orient musulman et ennemi, en montrant tout ce qu?il nous a apporté. Quant au psychiatre Tobie Nathan, il nous ramène dans l'Egypte de son enfance où juifs et musulmans vivaient en harmonie avant que les premiers ne soient chassés du pays.
Le Goncourt sera décerné mardi prochain chez Drouant à Paris. Le prix Renaudot sera annoncé dans la foulée au même endroit.
La veille du Goncourt, c'est le prix Décembre, seule sélection où figure Christine Angot ("Un amour impossible", Flammarion), qui sera attribué.
Mercredi, arrivera le tour du prix Femina avant le prix Medicis jeudi.
- Fabuleux tirages -
Un roman couronné par le Goncourt se vend en moyenne à 400.000 exemplaires. Pour le Renaudot et le Femina, les ventes sont respectivement en moyenne de 200.000 et plus de 150.000.
La saison des prix achevée, beaucoup d'auteurs resteront injustement sur le carreau. Pour mémoire, un total de 589 romans ont été publiés pour cette rentrée littéraire.
Le président de l'Académie Goncourt, et amateur de vélo, Bernard Pivot a résumé la situation d'une formule: "La rentrée ressemble à une course cycliste: sur les 500 champions qui prennent le départ, une vingtaine vont réussir l'échappée. Dans cette formidable bataille, bien des injustices sont commises. Plus les armées sont nombreuses et plus il y a de cadavres".
Il y a aussi de bonnes surprises comme Christophe Boltanski dont le roman, "La Cache" (Stock), est un des rares premiers romans à avoir survécu à l'écrémage des sélections. Son livre demeure dans les sélections du Femina, du Renaudot et du Medicis, un exploit pour un premier roman.
Outre Nathalie Azoulai, Judith Perrignon avec "Victor Hugo vient de mourir" (L'Iconoclaste) compte parmi les rares femmes écrivains à tirer son épingle du jeu et à demeurer dans de nombreuses sélections (Décembre, Femina et Renaudot essais). Delphine de Vigan, un des poids lourds de la rentrée littéraire, avec son "D'après une histoire vraie" (Lattès) est également présente dans les sélections du Renaudot et du Medicis.
Auteurs dont le succès populaire n'est plus à démontrer, Amélie Nothomb, sélectionnée pour aucun prix et Christine Angot, en lice pour le seul prix Décembre, n'ont pas réussi à convaincre les jurys des prix littéraires.
Les prix à peine remis une autre saison littéraire s'ouvrira en janvier avec plus de 500 nouveaux titres.
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