Le procès en appel pour viols et agressions sexuelles de l'ex-ostéopathe du "tout-Paris" Pierre Pallardy a été renvoyé peu après son ouverture mardi devant les assises de Seine-Saint-Denis en raison de la grève des avocats.
L'audience a été reportée par la présidente de la cour d'assises Nadia Ajjan à jeudi 09h30 en raison de la grève des avocats débutée il y a trois semaines pour protester contre le projet de réforme de l'aide juridictionnelle (AJ), dispositif qui permet aux plus démunis d'avoir accès à un avocat.
Ce renvoi a été sollicité par le bâtonnier Stéphane Campana, qui a souligné "l'indigence des conditions des 560 avocats" du barreau de Bobigny, où 70% de la population du département est éligible à l'AJ.
Aujourd'hui âgé de 74 ans, M. Pallardy s'est présenté libre au tribunal de Bobigny, où l'audience avait débuté avec plus de deux heures de retard en raison d'une réorganisation du calendrier du procès qui doit s'achever le 12 novembre.
Le praticien dont le cabinet était installé dans le prestigieux XVIe arrondissement de Paris est apparu habillé d'un gilet en laine marron et d'un pantalon en toile sombre, comme un modeste retraité, à des années lumière du praticien très en vogue qu'il a été jadis.
Appelé à la barre, M. Pallardy a été invité à décliner son nom, sa date de naissance mais n'a pas su dire le prénom de son père qui lui a été soufflé par son frère aîné Jean-Marie, 76 ans, un ancien acteur, réalisateur et producteur de films érotiques dans les années 1970.
"C'est mon livre +Et si ça venait du ventre+ qui me vaut d'être ici", a déclaré à l'AFP l'ex-ostéopathe interdit à vie d'exercer en montrant l'ouvrage qu'il a écrit en 2002 et dans lequel il explique que ses gestes thérapeutiques qu'il qualifie de "méthode puissante et dangereuse", pouvaient faire ressurgir des souvenirs enfouis de violences sexuelles.
Après une jeunesse d'orphelin ballotté d'une institution à l'autre, il était devenu kinésithérapeute, puis ostéopathe dans les années 1970, et citait parmi ses patients Picasso, César, Joseph Kessel ou encore Marcel Dassault.
Il avait formé dans les années 1980-90 avec sa femme Florence le "couple idéal de la santé", comme les avait baptisés à sa Une l'hebdomadaire féminin Elle. Il avait également publié des best-sellers sur le "bien-être" traduits en plusieurs langues et couru les plateaux de télévision.
Jugé en octobre 2013 devant la cour d'assises de Paris pour 19 cas différents, dont sept viols, M. Pallardy avait été reconnu coupable de cinq viols et sept agressions sexuelles et condamné à dix ans de réclusion criminelle. Il avait fait appel.
En février 2014, le praticien avait été remis en liberté, après avoir payé la somme de 150.000 euros de cautionnement, équivalente au montant des dommages et intérêts qu'il avait été condamné à verser aux parties civiles.
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