C'est la plus forte baisse depuis fin 2007: le chômage a diminué nettement en septembre (-0,7%), pour s'établir à 3,55 millions de demandeurs d'emploi sans activité, et cette éclaircie profite avant tout aux jeunes.
Pôle emploi recensait fin septembre 23.800 chômeurs de moins qu'à la fin août, a annoncé lundi le ministère du Travail. Le chômage est même en légère baisse sur quatre mois (-0,1% depuis mai), mais reste en hausse de 3,1% sur un an.
En incluant l'outre-mer, le nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi s'élève à 3,81 millions (-0,6% sur un mois).
Ces chiffres sont "satisfaisants", a réagi Myriam El Khomri, ministre du Travail, lors d'un point de presse lundi soir à Aubagne, près de Marseille. Ils "concrétisent l'amélioration progressive de la conjoncture économique observée ces derniers mois", se réjouissait-elle un peu plus tôt dans un communiqué .
L'indicateur de Pôle emploi n'avait pas baissé autant depuis novembre 2007, avant la crise financière mondiale.
Le chômage avait diminué encore plus en août 2013, mais cette publication avait été faussée par le "bug SFR", une "grave défaillance" dans l'acheminement des messages de relance rappelant aux demandeurs d'emploi d'actualiser leur situation.
En septembre dernier, ce sont les jeunes chômeurs qui ont le plus profité de la baisse. Leur nombre recule de 2,6% sur le mois (-2,7% sur l'année).
"La tendance est claire: il s?agit du quatrième mois consécutif de baisse, ce qui porte à 24.700 le recul du nombre de jeunes inscrits depuis fin mai", s'est satisfaite Mme El Khomri, vantant "l'efficacité" des "dispositifs en faveur de l?emploi des jeunes".
Mais le panorama n'est pas tout rose. "On observe une cristallisation du chômage de deux catégories de populations: les seniors et les chômeurs de longue durée", note Denis Ferrand, du COE-Rexecode.
Si la situation des seniors s'est stabilisée en septembre (+0,1%), elle reste très dégradée sur un an (+8,5%).
Quant au chômage de longue durée, il continue de gagner du terrain. Fin septembre, 2,43 millions de demandeurs d'emploi (+1,0% sur un mois, +10,4% sur un an), petite activité comprise, étaient inscrits à Pôle emploi depuis plus d'un an.
- 'En trompe-l'?il' -
Les chiffres de septembre sont également moins bons si l'on intègre les demandeurs d'emploi ayant exercé une petite activité. Avec eux, le chômage reste à des niveaux records: 5,42 millions en métropole, 5,73 millions en France entière.
"C'est le signe qu'avec l'amélioration de l'activité, les chefs d'entreprise utilisent dans un premier temps des emplois précaires. C'est peut-être les prémices de la guérison" sur le marché de l'emploi, espère Eric Heyer, économiste à l'OFCE. Selon lui, "on observe clairement une stabilisation du chômage, qui devrait se traduire par une baisse début ou mi-2016".
L'Unédic, qui gère l'assurance chômage, fait le même pronostic. Selon l'organisme, 51.000 chômeurs quitteraient la catégorie A (sans aucune activité) des listes de Pôle emploi en 2016.
C'est le scénario espéré par François Hollande, qui a promis une baisse "crédible" du chômage l'année prochaine. A défaut, le président de la République dit qu'il ne briguera pas de second mandat en 2017. Depuis son élection en mai 2012, environ 625.000 chômeurs supplémentaires se sont inscrits à Pôle emploi.
Chez les partenaires sociaux, l'heure est à la prudence.
C'est une "bonne nouvelle", réagit le Medef, tout en réclamant une "accélération des réformes" pour que "ces premiers bons chiffres se transforment en tendance".
De son côté, la CFDT attend une "confirmation dans les prochains mois" et note que "cette reprise se fait essentiellement en contrats courts". FO préfère parler de "stagnation" plutôt que de "baisse".
La CGT, elle, estime qu'il n'y a "pas de quoi se réjouir", car, juge-t-elle, la baisse de septembre cache "une montée de la précarité".
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