Pour écarter tout risque de récidive, l'accusation a requis lundi en appel contre Tony Meilhon la peine maximale pour le meurtre et le démembrement de Lætitia Perrais en 2011, tandis que la défense faisait appel à la "compassion" des jurés et que Tony Meilhon regrettait le meurtre.
L'avocat général Stéphane Cantero a réclamé la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans mais aussi une éventuelle mesure de rétention de sûreté (qui permet de placer dans un centre socio-médico-judiciaire de sûreté, des prisonniers ayant exécuté leur peine mais présentant un risque élevé de récidive), à l'identique de sa condamnation en première instance.
"Vous êtes dangereux, Tony Meilhon: vous l'avez même prouvé à cette audience en promettant à un témoin qu'il allait payer, lui aussi", a souligné M. Cantero, balayant les hypothèses de possible amélioration de son état psychopathique évoquées par certains experts.
Et revenant sur chaque détail de la dernière nuit de la victime: "C'est pas un meurtre, c'est un massacre!", a-t-il presque crié tandis qu'il détaillait l'ultime terreur de Lætitia, dans son réquisitoire d'une heure et demie.
"J'ai commis l'irréparable, c'est sûr, et quoi que vous décidiez, rien ne sera réparé", a déclaré, invité à s'exprimer une dernière fois, Tony Meilhon, crâne et visage rasés, en veste, cravate et chemise sombre. "L'avocat général a dit une chose sensée: +Il est dangereux.+ C'est vrai: j'étais dangereux", a poursuivi l'accusé.
"Si on me pose la question, je dirai: non, on me fait pas sortir de prison. Dehors, je suis un danger pour moi-même autant que je suis un danger pour les autres", a-t-il reconnu.
Pour autant, Tony Meilhon refuse d'être condamné pour le démembrement, qu'il nie toujours catégoriquement avoir commis. Les enquêteurs n'ont trouvé aucune preuve de complicité et l'homme qu'il a dénoncé a récusé ces accusations. "Si je devais être condamné pour le démembrement, je me pourvoirais en cassation", a assuré l?accusé.
- 'Qu'on en finisse' -
De son côté, son avocat, Me Fathi Benbrahim a demandé aux neuf jurés d'être "humains et équitables". "Et permettez-moi une dernière audace: vous devez avoir de la compassion vis-à-vis de cet homme".
"La mort de Lætitia mérite peut-être la perpétuité", a souligné Me Benbrahim. "Mais devez-vous aller au-delà?", a-t-il demandé après avoir rappelé "la trajectoire de souffrance" de son client.
"Nous ne sommes pas des machines, nous sommes des êtres humains avec nos capacités d'erreurs", a plaidé Me Benbrahim, estimant que la sanction demandée sous-tendait à "éliminer à tout jamais" son client présenté par le ministère public comme "un tueur en série, sans aucune "démonstration" selon lui.
Les avocats des parties civiles avaient prononcé dans la matinée des plaidoiries très douloureuses.
S'adressant directement à Lætitia, enlevée, tuée puis démembrée à l'âge de 18 ans le 19 janvier 2011, l'avocate de son parrain Alain Larcher, Me Emmanuelle Henry, a fait monter les larmes aux yeux de plusieurs des neuf jurés, sept femmes et deux hommes, mais aussi du public: "Ta présence a plané à cette audience pendant quinze jours", a-t-elle déclaré. "Tu n'es pas un +dossier+, Lætitia, tu es une princesse", a-t-elle ajouté.
"Tu es très courageuse, tu voulais t'en sortir et tu y étais presque arrivée", a-t-elle ajouté. Placée en foyer à 8 ans avec sa s?ur jumelle puis en famille d'accueil en 2005, Lætitia était apprentie serveuse lorsque sa route a croisé celle de Tony Meilhon, alors âgé de 31 ans et sorti de prison quelques mois plus tôt.
"Nous étions venus chercher la vérité, pour que ce procès ait du sens: nous nous sommes heurtés une nouvelle fois à la sordide mégalomanie de Tony Meilhon qui nous en prive, presque avec gourmandise", a regretté à son tour Me Benoit Poquet, avocat du père de Lætitia et Jessica Perrais, Franck Perrais.
"Le silence est revenu", a espéré Cécile de Oliveira avocate de Jessica Perrais qui avait déclaré en audience: "Ça fait quatre ans que ça dure, j'aimerais qu'on en finisse une bonne fois pour toutes."
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