Tony Meilhon, jugé en appel à Rennes pour le meurtre de Lætitia Perrais en 2011, a regretté lundi une dernière fois de l'avoir tuée, avant que la cour n'entre en délibération, mais a maintenu sa version des faits, niant l'avoir démembrée.
"Ce qui s'est passé, j'ai pas de pourquoi: j'ai fait vraiment n'importe quoi. Le comment: j'ai dit toute la vérité", a-t-il déclaré, invité une dernière fois à s'exprimer juste après la plaidoirie de son avocat, Me Fathi Benbrahim, qui a invité les jurés à faire preuve de "compassion" à l'égard de son client.
L'avocat général a requis la perpétuité avec 22 ans de sûreté et une éventuelle rétention de sûreté à l'issue.
"J'ai commis l'irréparable, c'est sûr, et quoi que vous décidiez, rien ne sera réparé", a déclaré Tony Meilhon, crâne et visage rasés, en veste, cravate et chemise sombre. "L'avocat général a dit une chose censée (en parlant de Tony Meilhon, ndlr): +Il est dangereux+. C'est vrai: j'étais dangereux", a poursuivi l'accusé.
"Si on me pose la question, je dirai: non, on me fait pas sortir de prison. Dehors, je suis un danger pour moi-même autant que je suis un danger pour les autres", a-t-il reconnu.
Pour autant, Tony Meilhon, poursuivi pour l'enlèvement, la séquestration, le meurtre et le démembrement du corps de Lætitia Perrais, refuse d'être condamné pour le démembrement, qu'il nie toujours catégoriquement avoir commis, même si les enquêteurs n'ont trouvé aucune preuve de complicité. Et l'homme qu'il a dénoncé a nié ces accusations.
"Si je devais être condamné pour le démembrement, je me pourvoirais en cassation pour qu'une enquête soit faite et, si cela devait m'être refusé, je ferais un écrit", a-t-il déclaré, indiquant que le produit des ventes d'un éventuel livre avec sa version des faits serait reversé à la famille de la victime.
"Mesdames et Messieurs, soyez humains, soyez équitables", a plaidé de son côté Me Benbrahim, à l'attention des neuf membres du jury. "Et permettez-moi une dernière audace: vous devez avoir de la compassion vis-à-vis de cet homme", a-t-il dit.
"La mort de Lætitia mérite peut-être la perpétuité", a souligné Me Benbrahim. "Mais devez-vous aller au-delà"?, a-t-il demandé après avoir rappelé "la trajectoire de souffrance" de son client.
Tony Meilhon présente des "carences affectives et éducatives", liées à la séparation quand il avait quatre ans de ses parents, au sentiment d'abandon de la part de sa mère partageant sa vie avec un nouveau compagnon, et à ses placements en foyers. Sans compter qu'il a passé "la moitié de sa vie en prison", a rappelé Me Benbrahim.
Ces carences, selon l'avocat, "ont fait le terreau de la psychopathie" de son client, mise en perspective par des experts.
"Un procès, ce sont des faits, une personne, une sanction", a souligné Me Benbrahim. "Ce matin", pendant le réquisitoire de l'avocat général, "je n'ai entendu que des faits et une sanction. Il a passé l'aspect humain par pertes et profits".
Or, "nous ne sommes pas des machines, nous sommes des êtres humains avec nos capacités d'erreurs", a plaidé Me Benbrahim, estimant que la sanction demandée sous-tendait à "éliminer à tout jamais" son client présenté par le ministère public comme "un tueur en série, sans aucune "démonstration" selon lui.
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