Eiffage, trois jours après le décès soudain de son PDG, a rappelé temporairement aux manettes l'emblématique fondateur du groupe Jean-François Roverato en le nommant président et en lui associant comme directeur général Max Roche, un fidèle de l'entreprise.
Ce tandem n'est pas amené à durer, le conseil d'administration souhaitant trouver d'ici fin février 2016 un successeur à Pierre Berger, victime d'une crise cardiaque à l'âge de 47 ans dans la nuit de jeudi à vendredi.
"Face à cette disparition brutale et imprévisible, et sur proposition du comité des nominations et rémunérations réuni ce jour, le conseil d'administration a pris à l'unanimité les décisions (annoncées lundi) à effet immédiat afin d'organiser sereinement la transition et poursuivre les initiatives engagées par Pierre Berger", souligne l'entreprise dans un communiqué.
En attendant de trouver un nouveau patron, le groupe a donc choisi de dissocier les fonctions de président et de directeur général.
Âgé de 71 ans, Jean-François Roverato revient ainsi à la tête d'un groupe qu'il a contribué à créer en fusionnant en 1993 Fougerolle Construction, dont il était PDG, avec SAE.
A la recherche d'un dauphin, il était lui-même allé débaucher Pierre Berger chez son concurrent Vinci en 2010 afin de lui léguer les rênes de l'entreprise.
Il s'était ensuite progressivement effacé de la direction, gardant un strapontin au conseil d'administration en qualité de vice-président du conseil d'administration et administrateur référent.
Max Roche, qui dirigera le groupe à ses côtés, est lui directeur général adjoint d'Eiffage depuis juin 2011 après en avoir été le directeur financier de 2003 à 2011. Il est âgé de 62 ans.
Ingénieur des Ponts et Chaussées et ancien élève de l'école polytechnique, comme Jean-François Roverato et Pierre Berger, il avait rejoint le groupe en 1986 après une première partie de carrière dans l'administration.
- Un duo comme Total -
Le conseil d'administration a ainsi opté pour un scénario proche de celui déroulé par Total après le décès accidentel de son PDG Christophe de Margerie en octobre 2014: l'ancien président Thierry Desmarest avait repris du service tandis que Patrick Pouyanné, responsable d'une des divisions du groupe, était nommé directeur général.
Les membres du conseil d'administration d'Eiffage, une société détenue à près d'un quart par ses salariés et à environ 13% par l'Etat, ont aussi rendu hommage à Pierre Berger, estimant que "ses exceptionnelles qualités humaines et professionnelles ont été déterminantes pour le développement du groupe, l'amélioration de sa rentabilité et la progression de l'action Eiffage".
Ses obsèques devraient avoir lieu en fin de semaine mais la date n'a pas encore été confirmée, avait indiqué dimanche le groupe à l'AFP.
Depuis son arrivée à la tête de l'entreprise, Pierre Berger s'était attaché à restaurer les marges de l'entreprise et à la désendetter tout en allant chercher de la croissance à l'international avec par exemple des acquisitions au Canada et en Colombie.
La valorisation boursière d'Eiffage a plus que doublé entre le jour de sa nomination au poste de PDG en 2012 et son décès, pour atteindre 5,4 milliards d'euros.
Fin août le groupe, qui emploie 66.000 collaborateurs et a réalisé en 2014 un chiffre d'affaires de 14 milliards d'euros, confirmait prévoir pour 2015 une "nouvelle progression" de son résultat net.
Le chiffre d'affaires sur l'ensemble de l'année est toutefois de nouveau attendu en "léger repli". Autre point noir: confronté à un ralentissement de l'activité de constructions métalliques en France, le groupe prévoit la fermeture de deux usines dans l'est du pays et la suppression de 239 postes dans cette branche.
Lundi vers 10H20 à la Bourse de Paris, l'action Eiffage réagissait peu à ces annonces, grappillant 0,23% à 56,53 euros, dans un marché en baisse de 0,32%.
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