Les autorités haïtiennes, les observateurs internationaux et les électeurs se sont réjouis dimanche du bon déroulement des élections générales en Haïti permettant aux citoyens, qui se sont déplacés nombreux, de voter notamment pour choisir leur futur président.
Le scrutin clos, le président du conseil électoral provisoire (CEP) a qualifié d'"exploit" cette journée de vote. Lors d'une conférence de presse dimanche soir, il a tenu à remercier les différents acteurs qui ont participé au déroulement pacifique des élections dont les résultats ne seront connus que début novembre.
"A tous ces partis politiques qui, dans la précarité, se sont présentés à ce rendez-vous tant important pour l'avenir du pays, je leur dis que l'histoire le retiendra", a déclaré Pierre-Louis Opont. "Merci aux électeurs qui ont su garder leur calme et qui je l'espère ont pu choisir les nouveaux dirigeants qui auront la charge de l'Etat pour les prochaines années."
Car à travers le pays, les files d'attente se sont étendues devant l'entrée des bureaux de vote, une scène qu'Haïti n'avait pas connue depuis près d'une décennie.
Les 5,8 millions d'Haïtiens votaient pour le premier tour de l'élection présidentielle, le second tour des législatives et le tour unique des municipales.
Cet engouement détonne nettement avec la précédente journée d'élections: le 9 août, le premier tour des législatives avait été fortement perturbé par des violences et des fraudes provoquant deux morts et une abstention massive.
A l'entrée du grand marché de Canapé-Vert, au coeur de la capitale, des agents mandatés par le CEP veillaient à ce que les personnes soient bien en possession de leur carte d'identité.
Les policiers en faction aux abords et à l'intérieur de ce grand centre de vote avaient le sourire et ont géré sans difficultés l'affluence.
"La police a mis une bonne stratégie sur pied, ça me satisfait. Beaucoup de corrections ont été faites suite aux dérives qui ont eu lieu le 9 août", observe Willy Saint-Fort après avoir glissé ses bulletins dans les quatre urnes posées sur l'étal d'ordinaire occupé par des fruits et légumes.
Discutant tranquillement avec ses amis, l'homme de 43 ans évoque un moment historique pour son pays. "Je veux féliciter les citoyens et citoyennes qui ont pris conscience que, pour que le pays change, c'est à nous Haïtiens d'agir, de nous mettre ensemble pour qu'on ait des bons dirigeants", exulte-t-il. "Il n'est plus question de gouvernement provisoire ou de violences."
- 'Un pas important' -
A l'instar du conseil électoral provisoire, le chef de la mission d'observation électorale, dépêchée par l'Organisation des Etats américains (OEA), a salué cet élan civique.
"Le peuple haïtien démontre la volonté de participer, je trouve tout cela positif," a témoigné Celso Amorim. "C'est un pas important qu'Haïti est en train de faire aujourd'hui."
Pour ces scrutins, c'est finalement la logistique qui s'est avérée le problème majeur. Faute d'espace par exemple dans le lycée de Pétionville, les isoloirs ont été posés sur des petites tables ou des coins de banc.
"C'est vraiment lamentable mais c'est toujours comme ça pour les élections", se désole Frantz Ernso, un observateur d'une organisation de la société civile haïtienne. "Les gens votent accroupis devant des bancs."
Depuis le séisme ravageur de janvier 2010, qui avait fait plus de 200.000 morts et jeté à la rue un million et demi d'habitants, Haïti a entamé un long processus de reconstruction, ralenti par le contexte politique conflictuel.
La crise profonde entre l'exécutif et l'opposition depuis l'arrivée à la présidence de Michel Martelly en mai 2011 a empêché la tenue des élections locales et législatives.
Les élus municipaux, faute de scrutins, ont été progressivement remplacés par des agents exécutifs intérimaires, nommés directement par la présidence. Le parlement haïtien a lui cessé de fonctionner le 13 janvier dernier.
Il y a officiellement 54 candidats en lice pour succéder au président haïtien Michel Martelly.
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