Les Ukrainiens élisaient dimanche leurs maires et conseils municipaux dans un scrutin crucial pour juger le bilan du président prooccidental Petro Porochenko assombri par l'annulation du vote à Marioupol, dernière grande ville sous contrôle de Kiev dans l'Est séparatiste prorusse.
Les bureaux de vote n'ont pas ouvert dans ce port stratégique d'un demi-million d'habitants où les prorusses étaient leaders de la course, officiellement à cause des problèmes avec les bulletins qui pourraient favoriser la fraude, selon des membres de la commission électorale.
Le président Porochenko critiqué par sa gestion du conflit dans l'Est qui a fait plus de 8.000 morts en 18 mois a déclaré que la situation était "absolument inacceptable" à Marioupol où "on préparait des fraudes", après avoir voté à Kiev.
Le Bloc Porochenko et les opposants prorusses se sont accusés réciproquement d'avoir "sapé les élections" à Marioupol.
Quel que soit le responsable de cette situation, elle illustre les difficultés du pouvoir ukrainien de contrôler une ville stratégique, située entre la frontière russe et la Crimée annexée par le Kremlin en 2014 et dont la prise par les séparatistes prorusses hantait les esprits pendant plusieurs mois au plus fort de la guerre.
Les bulletins de vote y ont été imprimés dans une imprimerie contrôlée par l'oligarque Rinat Akhmetov, ancien financier du président prorusse Viktor Ianoukovitch destitué en février 2014 après trois mois de contestation proeuropéenne réprimée dans le sang.
- Tache sur la réputation du pouvoir -
Une retraitée Olena Kholodenko, 90 ans qui est venue voter dès le petit matin pour le Bloc d'opposition, héritier du Parti des régions de l'ex-président Ianoukovitch ne cache pas sa déception. "Je marche à peine, mais je suis venue voter (). Quelqu'un veut que la ville reste sans les autorités".
"Si le pouvoir n'arrive pas à organiser les élections dans une ville qu'il contrôle, comment les organiserait-il dans les zones qui échappent à son contrôle?", s'est interrogé le Bloc d'opposition dans un communiqué.
Pour l'analyste politique indépendant ukrainien Anatoli Oktyssiouk, cet échec "laisse une tache sur la réputation du pouvoir ukrainien qui aura du mal à l'expliquer à ses alliés européens" et donne des arguments supplémentaires à la Russie dans le débat sur l'organisation des élections dans les territoires séparatistes.
Les élections de dimanche n'ont pas lieu dans les zones rebelles où elles devraient se tenir l'année prochaine.
Signe de la fragilité de la trêve, Kiev a également décidé de ne pas les organiser dans 122 localités contrôlées par l'armée ukrainienne sur la ligne du front.
Outre Marioupol, les prorusses sont bien placés pour réaliser une percée dans les régions industrielles de Kharkiv et Dnipropetrovsk, frontalières de l'Est rebelle, ainsi qu'à Odessa, sur les bord de la mer Noire.
- 'Consolider les pro-ukrainiens' -
Chose inédite témoignant du caractère exceptionnel de ce scrutin, plus de 1.500 observateurs internationaux surveilleront le déroulement des votes.
Le président Petro Porochenko, en perte de vitesse en raison de sa gestion du conflit et accusé de ne pas en faire assez contre la corruption, a dit espérer dimanche que ces élections consolider la coalition "pro-ukrainienne pour ne pas laisser l'agresseur (russe) ruiner le pays de l'intérieur".
Les combats ont quasiment cessé dans l'Est depuis septembre mais le processus de paix est encore dans un état embryonnaire. Et si certains reprochent au président ukrainien de ne pas avoir tenu sa promesse de mettre un terme à la guerre en trois mois, d'autres jugent qu'il a accepté des concessions humiliantes aux séparatistes, soutenus par le Kremlin.
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