Fatigués de la guerre et de la crise économique, les Ukrainiens ont commencé à voter dimanche aux élections locales, un scrutin test pour le président prooccidental Petro Porochenko mais qui pourrait consolider l'opposition prorusse dans plusieurs régions sensibles.
Les bureaux de vote ont ouvert à 06H00 GMT et fermeront à 18H00 GMT. Les résultats ne seront pas connus avant plusieurs jours, étant donné les modalités de comptage particulièrement compliquées. Les instituts nationaux respectés ne réalisent aucun sondage à la sortie des bureaux de vote.
Les bureaux de vote n'ont pas ouvert dimanche à Marioupol, port stratégique et dernière grande ville de l'Est séparatiste prorusse sous contrôle de Kiev, a rapporté une journaliste de l'AFP.
"Les bureaux ne vote n'ont pas ouvert à Marioupol parce que les bulletins ne sont pas parvenus dans les bureaux de vote. Il faut reporter la date des élections parce que les bulletins ont été imprimés avec des violations grossières", a déclaré à l'AFP une membre de la commission électorale municipale Natalia Kachtchiï.
Le scrutin pour élire les maire et conseils municipaux n'aura pas lieu dans les territoires de l'Est séparatiste du pays contrôlés par les rebelles, où le conflit entre troupes ukrainiennes et combattants prorusses a fait plus de 8.000 morts en 18 mois.
Et signe de la fragilité de la trêve, les autorités ukrainiennes ont décidé pour des raisons de sécurité de ne pas organiser les élections dans 122 localités qu'elles contrôlent sur la ligne de front.
Les ex-alliés du président prorusse Viktor Ianoukovitch, déchu en février 2014 après trois mois de contestation proeuropéenne réprimée dans le sang sont bien placés pour réaliser une percée dans les régions industrielles de Kharkiv et Dnipropetrovsk, frontalières de l'Est rebelle, ainsi qu'à Odessa, sur les bord de la mer Noire.
- Plus de 1.500 observateurs -
Chose inédite témoignant du caractère exceptionnel de ce scrutin, plus de 1.500 observateurs internationaux surveilleront le déroulement des votes.
Le président Petro Porochenko, en perte de vitesse en raison de sa gestion du conflit et accusé de ne pas en faire assez contre la corruption, a dit espérer vendredi que "ceux qui veulent déstabiliser la situation dans le pays ne seront pas soutenus par le peuple".
"Le monde entier observe l'Ukraine", a écrit sur son compte Twitter l'ambassadeur américain à Kiev, Geoffrey Pyatt, ajoutant qu'un "taux de participation élevé et des élections propres seraient la meilleure réponse aux ennemis de l'Ukraine".
Les combats ont quasiment cessé dans l'Est depuis septembre mais le processus de paix est encore dans un état embryonnaire. Et si certains reprochent au président ukrainien de ne pas avoir tenu sa promesse de mettre un terme à la guerre "trois mois après" son élection en mai 2014, d'autres jugent qu'il a accepté des concessions humiliantes aux séparatistes, soutenus par le Kremlin.
Selon un récent sondage, 71% des Ukrainiens désapprouvent aujourd'hui l'action du président Porochenko, élu dès le premier tour avec 54,7% des voix il y a moins de deux ans, et plusieurs analystes estiment que ces élections seront suivies d'un remaniement ministériel.
Le parti du Premier ministre Arseni Iatseniouk, membre clé de la coalition gouvernementale avec le Bloc Porochenko, est crédité de moins de 2% des intentions de vote et ne prend d'ailleurs pas part aux élections de dimanche.
L'opposition prorusse mais aussi le parti Batkivchtchina de l'ex-Premier ministre Ioulia Timochenko, qui fait lui aussi partie de la coalition gouvernementale, jouent sur la déception des Ukrainiens frappés de plein fouet par la crise économique et exposés à des hausses de tarifs imposées par les bailleurs de fonds occidentaux pour s'imposer dans les sondages.
Pour le pouvoir, le risque majeur serait la poussée du Bloc d'opposition, héritier du Parti des régions de Viktor Ianoukovitch, dans les régions russophones du Sud-Est.
"Après ces élections, certains conseils municipaux pourraient échapper au contrôle du pouvoir", met en garde Anatoli Oktyssiouk, analyste du centre international des Etudes politiques à Kiev.
Tous les regards sont notamment tournés vers Kharkiv, ville industrielle de 1,5 million d'habitants où le maire sortant Guennadi Kernes, a toutes les chances d'être réélu. Ex-allié de Viktor Ianoukovitch qui a mis au pas la presse indépendante, victime d'une tentative d'assassinat en avril 2014, il est poursuivi pour enlèvements et tortures contre des manifestants proeuropéens.
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