Une vingtaine d'experts scientifiques procédaient samedi à un "quadrillage" systématique du site de la pire catastrophe routière en France depuis 33 ans à Puisseguin (Gironde), une enquête méthodique pour "connaître la vérité" et faciliter le deuil des familles.
A moins d'un kilomètre du village, les experts de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) et ceux de l'Institut médico-légal de Bordeaux, ont installé, entre vignobles et bosquets, ce qui ressemble à un véritable QG de campagne : une tente, des ordinateurs, des coffres de diverses couleurs,etc.
Là est le centre névralgique de l'enquête scientifique et criminelle, à moins de 200 m du lieu de l'accident où vont se succéder ces prochains jours les divers experts : spécialistes en odontologie et en génétique, informaticiens, experts en accidentologie et en incendie, etc.
Les experts en combinaisons blanches s'affairent, accroupis ou penchés sur les débris carbonisés. Sous le regard des journalistes, tenus à distance, une équipe procède à des prélèvements sur la partie supérieure de la carcasse du car, une autre travaille sur la partie inférieure, où le plancher de l'autobus s'est effondré, explique le colonel Patrick Touron, directeur de l'IRCGN.
Objectif: procéder à toute sorte de prélèvements "d'éléments biologiques" ou "d'objets personnels", qui pourront aider à l'identification des victimes et éclairer les cause de l'accident, explique le colonel. "Nous estimons qu'il y a plusieurs centaines de pièces à prélever", ajoute-t-il.
Tout près de la carcasse calcinée, une grande table sur tréteaux doit faciliter le tri des indices. Des affichettes avec des numéros permettent de les regrouper par lot. "Les restes d'objets personnels devront être répertoriés puis nettoyés, avant de les restituer aux proches pour leur permettre au plus vite d'engager le processus de deuil", explique Patrick Touron.
- Prélèvements enregistrés sous code-barre -
Un peu plus loin, d'autres gendarmes mettent les premiers prélèvements sous scellés dans des coffres cadenassés, qui seront ensuite entreposés dans des camions. "Chaque élément prélevé est numéroté et enregistré sous code-barre", précise l'officier de l'IRCGN.
Dès dimanche soir, ajoute-t-il, les éléments prélevés sur site depuis vendredi seront envoyés à un laboratoire de Pontoise (Val d'Oise) pour analyse.
Parallèlement, le chef d'escadron de l'IRCGN Laurent Dourel dirige "la cellule ante-mortem" chargée de recueillir tous les éléments pouvant éclairer les enquêteurs sur l'histoire des victimes avant leur décès. "On privilégie d'abord les prélèvements ADN sur les proches" pour les comparer aux échantillons prélevés sur le lieu du drame. "Les deux tiers de ces prélèvements" ont déjà été effectués, selon Laurent Dourel.
Il faut aussi examiner le passé médical des victimes: prothèses dentaires, radiographies, etc. Autant d'indices qu'il faut recouper et "comparer pour être certains de l'identification", ajoute le gendarme.
"On a besoin des familles et on les implique pleinement", insiste-t-il. "On leur parle franchement, y compris sur l'état des corps de leurs proches décédés".
Au QG de l'enquête, d'autres experts procèdent à "un quadrillage systématique au tamis" de la scène "pour récupérer tous les éléments permettant de connaître la vérité" sur les causes de l'accident.
"Pour faciliter le travail des enquêteurs, il sera procédé à la numérisation en 3D de la scène", précise le colonel Touron.
A moins d'un kilomètre de là, dans le village, le relevage des corps se poursuit. Au moins treize dépouilles ont été acheminées vers l'Institut médico-légal de Bordeaux. Parmi elles, celles du chauffeur du camion et de son fils de trois ans.
Les familles éplorées continuent de se rendre à la chapelle ardente symbolique de Puisseguin, installée dans la salle des fêtes, où quelques habitants viennent prêter main forte aux élus pour organiser l'après
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