Serbie, Bulgarie et Roumanie ont appelé samedi l'Allemagne à ne pas fermer ses frontières aux migrants pour ne pas être à leur tour obligées de barricader leur territoire, à la veille d'un mini-sommet européen destiné à promouvoir une "approche collective" de cette crise.
Réunis à Sofia pour élaborer une position commune avant la rencontre de Bruxelles, les dirigeants des trois pays ont soufflé le chaud et le froid: ils préfèrent "une action commune à toute l'Europe" à la construction de barrières, mais se disent prêts, "si l'Allemagne, l'Autriche et d'autres Etats ferment leurs frontières", à fermer les leurs "au même moment".
"Nous ne laisserons pas nos nations devenir une zone tampon ()", a prévenu le chef du gouvernement bulgare Boïko Borissov qui mène une politique intransigeante de gestion des flux migratoires.
La Bulgarie a érigé, dès 2014, une clôture de 30 km sur une partie de sa frontière avec la Turquie. Comme la Roumanie, elle est jusqu'à présent restée relativement à l'écart des différentes routes de migration.
Pays non membre de l'UE, la Serbie est en revanche l'un des pays de transit sur l'itinéraire qui part de Grèce, se poursuit plus au nord vers la Croatie, et désormais la Slovénie, pour atteindre les pays plébiscités par les demandeurs d'asile comme l'Allemagne ou la Suède.
La Slovénie avait dit ne pas n'exclure la construction d'une clôture antimigrants si l'UE ne lui apporte pas un soutien suffisant après le sommet de dimanche.
Cette réunion à Bruxelles part du constat d'un "manque de coordination dans la gestion de la crise par les pays parties prenantes", a souligné samedi le commissaire européen aux Migrations, Dimitris Avramopoulos.
Les participants pourraient s'engager à cesser de laisser passer les réfugiés chez leurs voisins sans concertation, selon un projet d'accord de 16 mesures dont l'AFP a eu connaissance. Huit Etats membres de l'UE (Autriche, Bulgarie, Croatie, Allemagne, Grèce, Hongrie, Roumanie Slovénie) ainsi que la Macédoine et la Serbie sont convoqués.
L'urgence est grande : Amnesty International met en garde contre une "crise humanitaire qui vient" dans les Balkans, à l'approche de l'hiver. Cette semaine en Slovénie, "des centaines d'hommes, de femmes et même d'enfants dormaient à même le sol, sans abri au-dessus de leur tête et presque rien pour se réchauffer".
Les réfugiés fuyant le conflit en Syrie continuent d'arriver en nombre record avec des migrants d'autres pays fuyant la misère, voire d'autres conflits.
- Des réfugiés dans l'ex-aéroport de Berlin -
La Slovénie apparaît débordée depuis que ce flux - 56.000 personnes en une semaine - s'est déporté sur ce pays d'un peu plus de deux millions d'habitants après la fermeture de la frontière entre la Hongrie et la Croatie.
"Il fait très, très froid. Nous n'avons pas grand chose à manger et nous rencontrons beaucoup d'obstacles", témoignait samedi à la frontière serbo-croate de Berkasovo, Moustafa Alyoussif, 31 ans, sur la route avec sa femme et leur fils de deux ans.
"Je n'ai plus rien, sauf nous trois. Maintenant nous allons en Europe", expliquait cet ancien pharmacien d'Alep.
Jean-Claude Juncker a encouragé la chancelière Angela Merkel à ne pas "se laisser dévier de son cap par les sondages", et à poursuivre sa politique d'accueil des réfugiés qui rencontre de nombreuses critiques, jusque dans son camp conservateur.
Les actes d'hostilité antimigrants se sont multipliés contre des foyers de demandeurs d'asile en Allemagne. Dans la nuit de vendredi à samedi, un centre d'hébergement vide a été ravagé par un incendie suspect en Suède.
Berlin va mettre en application dès samedi une loi durcissant les conditions du droit d'asile face à l'afflux sans précédent de migrants.
L'Allemagne s'attend à recevoir en 2015 entre 800.000 et un million de migrants, dans des structures d'accueils saturées, au point que la mairie de Berlin a annoncé prévoir un abri d'urgence dans l'ancien aéroport de Tempelhof.
"Nous devons y arriver !": le slogan de la chancelière doit s'appliquer à toute l'Europe, a martelé M. Juncker.
"Les réfugiés ne sont pas des ennemis justifiant que nous déployions notre système de défense, ce sont des gens désespérés", a fait écho M. Avramopoulos, même si l'Europe oeuvre parallèlement au renforcement de ses frontières extérieures.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.