"On n'a pas de mot pour le dire": à Petit-Palais-et-Cornemps (Gironde), un village bouleversé par le chagrin et où la vie semble s'être arrêtée, les habitants, aidés de psychologues, tentaient "ensemble" samedi de faire face à la tragédie.
Au lendemain de l'accident qui a tué au moins 43 personnes à 7 km de là, quelques habitants se sont réunis comme la veille, dans l'émotion, sur la place du village, près des voitures de certains disparus, où de nombreux journalistes étaient présents. Les voix sont graves, les visages parfois marqués par une nuit sans sommeil.
"Les gens ont besoin de parler, de se vider la tête", estime Jérémie Bessard, conseiller municipal et viticulteur. "J'ai mes petites habitudes, je bois un petit café le matin au restaurant. On est tous une seule et même famille, on chasse ensemble, on pêche ensemble. Il y a des absences", ajoute-t-il.
A l'entrée de la salle des fêtes, où 43 bougies ont été allumées en hommage aux victimes, une marche est annoncée, dimanche à 15H00, en lettres noires sur un grand panneau blanc.
"On a besoin de se sentir tous ensemble, de se dire qu'on n'est pas tout seul", explique M. Bessard.
Depuis 09H00, une cellule médico-psychologique a été mise en place dans ce village qui est l'un des plus touchés par l'accident, afin de "recevoir les familles qui le souhaitent".
Lors de tels drames, "c'est souvent important de réunir les gens en groupe, car ils partagent un récit commun de ce qui s'est passé et cela peut les aider à faire face au deuil", a expliqué à l'AFP le Dr François Castandet, du Pôle psychiatrie de l'Hôpital de Libourne.
"On est surtout là pour aider les amis qui sont là, les amis qui restent", confie Gérard Garem, 70 ans, qui a perdu "beaucoup" de proches dans l'accident. La tragédie, "on n'a pas de mot pour le dire", glisse-t-il.
Dans la petite chapelle où s'est tenue vendredi une cérémonie suivie d'une veillée, quelques habitants se recueillaient devant des bougies et des bouquets de fleurs, alors qu'en face, dans le restaurant, d'autres discutaient des circonstances du drame.
Dans cette petite commune rurale de 756 habitants, la vie semble s'être arrêtée. Sur les grilles du cimetière, un arrêté municipal indique que la chasse est interdite dimanche "suite à la catastrophe routière".
"On avait un match demain, on l'a annulé", indiquent à l'AFP Eric et Vincent, du club de foot local. Venus en soutien aux familles, ils racontent qu'ils collaboraient souvent avec le club du 3e âge qui avait organisé l'excursion devant mener les retraités dans le Béarn.
"Il va falloir faire son deuil, mais ça va être long", soupire Jean-Pierre Tillard, un habitant de la commune venu proposer son aide.
"On est impuissants, à part venir soutenir un peu les familles", confie Fernando Padrao, venu de Lussac, qui a passé la journée d'hier et "une partie de la nuit" dans la chapelle.
"Je suis un peu abasourdi par ce drame. Ce sont des gens avec qui j'ai joué de la musique, passé ma jeunesse", se désole Claude Vergnaud, très ému, qui dit qu'il avait "besoin" de venir. "Le soutien des familles sera surtout important pour +la suite+, ajoute-t-il. Le temps atténue les choses, mais on ne peut pas oublier".
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