Une grande rétrospective de Balthus s'ouvre ce week-end à Rome, deux ans après une exposition similaire ayant créé la polémique à New York en raison de ses représentations fortement teintées d'érotisme de jeunes filles à peine pubères.
Près de 15 ans après sa mort, les quelque 150 toiles exposées représentent un retour de l'artiste dans la ville où il a passé une bonne partie de sa carrière, et dans un pays qui a inspiré sa passion pour l'art figuratif, en marge des principaux mouvements modernistes du XXème siècle.
Balthazar Klossowski de Rola, dit Balthus, né en 1908 d'un père polonais et d'une mère russe, a dirigé l'Académie de France à Rome de 1961 à 1977 et reste l'un des principaux artisans de la restauration et de la réorganisation de son écrin, la Villa Médicis.
Si la Villa Médicis présente de son côté des oeuvres du peintre réalisées pendant son séjour à Rome, la plupart des toiles sont exposées dans les Ecuries du Quirinal, l'ancien palais papal devenu résidence du président italien.
La rétrospective traverse chaque étape de la carrière de Balthus, présentant paysages, natures mortes et portraits ainsi que certaines toiles érotiques controversées et nombre de représentations de chats, l'une des fixations de l'artiste.
Pour Cécile Debray, curatrice de l'exposition, Balthus pourrait presque être considéré comme romain compte tenu du temps qu'il a passé dans la Ville éternelle et de l'impact de ses voyages plus anciens en Italie.
"Balthus a été extrêmement marqué par la peinture italienne", raconte-t-elle en rappelant un voyage en 1926, quand il n'a que 18 ans, pour aller copier les peintures de Piero della Francesca à Arezzo, en Toscane.
- 'Absolument pas pédophile' -
"Il a toujours été fasciné, je dirais, à la fois par les primitifs de la Renaissance mais également par une certaine forme de classicisme qui a été incarnée par Rome", déclare Mme Debray.
"Balthus est effectivement un artiste difficile à classer, qui n'appartient à aucun mouvement, qui appartient à la génération surréaliste mais qui n'a jamais été un surréaliste et qui est sans doute le plus grand peintre figuratif du XXe siècle", ajoute-t-elle.
La rétrospective ne s'attarde pas sur les représentations de très jeunes filles qui ont poussé un critique à considérer Balthus comme "l'une des figures les plus louches de l'art moderne" après une exposition à New York.
"On connaît évidement la peinture de Balthus par ses mises en scène de très jeunes filles dans des intérieurs avec une suggestion érotique très forte", reconnaît Mme Debray, tout en rejetant vivement l'idée que cela fasse du peintre un prédateur.
Ces toiles "ne suscitaient pas la polémique" même si "très récemment, on a vu surgir des réactions un peu prudes autour de sa peinture, comme il y a eu beaucoup de débats autour de la pédophilie", explique-t-elle.
"Je pense qu'il est très important de rappeler qu'il s'agit de peinture, donc de représentation. Balthus n'est absolument pas pédophile", insiste la curatrice, évoquant plutôt "une réflexion sur la nature de l'érotisme".
L'exposition est visible dans les palais romains jusqu'en janvier, puis sera présentée au Kunstforum de Vienne.
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