L'heure était au recueillement, à la solidarité avec les familles samedi dans les villages endeuillés de Gironde, au lendemain de la collision qui a fait au moins 43 morts, les enquêteurs s'attelant de leur côté à l'identification des victimes et à tenter de percer les causes de l'accident.
Samedi matin, plus de 24 heures après le terrible accident, le bilan restait incertain, un doute subsistant sur le nombre -- 41 ou 42 -- de personnes décédées à bord de l'autocar, aucune liste officielle n'étant à la disposition des enquêteurs. Si la seconde hypothèse se vérifiait, le bilan s'alourdirait à 44 morts.
Sur les huit rescapés, quatre personnes restaient hospitalisées samedi matin, trois au CHU de Bordeaux, notamment un blessé en soins intensifs, et un à l'hôpital de Libourne, mais plus aucun pronostic vital n'est engagé, a-t-on indiqué à la préfecture.
Parallèlement, l'enquête entrait dans sa phase active. Dès l'aube, les enquêteurs de l'unité spécialisée de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), en collaboration avec l'Institut médico-légal de Bordeaux, se sont attelés à la délicate identification des corps calcinés des victimes.
"Ils vont travailler corps par corps, de manière très méthodique", en s'attachant notamment aux relevés dentaires et ADN, a indiqué à l'AFP le colonel Ghislain Réty, commandant du Groupement de gendarmerie de Gironde.
Certains membres de l'unité avaient travaillé sur la catastrophe de l'avion de la compagnie aérienne allemande Germanwings dans les Alpes le 24 mars et l'accident de l'appareil d'Air Algérie au Mali en 2014, où les avions s'étaient désintégrés. Au total, l'identification formelle des victimes pourrait prendre jusqu'à "trois semaines", a fait savoir vendredi un responsable de l'IRCGN.
L'enjeu est aussi de déterminer le nombre de personnes qui se trouvaient à bord de l'autocar, les enquêteurs ne disposant toujours pas de "liste officielle". Des "experts automobiles" et des spécialistes en pyrotechnie sont également mobilisés pour déterminer les causes de l'accident, qui a aussi surpris par la rapidité de l'embrasement des véhicules.
-- Tachygraphe très dégradé --
"Le feu a démarré tout de suite. C'était comme un éclair", se souvient Jean-Claude Leonardet, 73 ans, l'un des rares rescapés de l'accident qui a réussi à sortir du car. "On est retourné pour tirer deux personnes qui étaient coincées dans les marches et n'arrivaient pas à sortir". Ensuite, "on n'a pas pu y retourner car le feu et la fumée envahissaient tout. Ça pétait de partout: les pneus, les vitres", a raconté au Parisien l'ancien charpentier.
Les enquêteurs disposent du "chrono-tachygraphe" du camion, dont le chauffeur, âgé d'une trentaine d'années, et son fils de trois ans, ont également péri dans l'accident alors qu'ils rentraient vers l'Orne après une livraison de bois.
Cette sorte de "boîte noire" enregistrant les paramètres du véhicule, tels que la vitesse et le temps de parcours, est toutefois dans un "état très dégradé", ont indiqué les gendarmes. "Il est trop tôt pour dire s'il sera exploitable".
Dans les communes touchées par le drame, on s'apprêtait à un samedi de recueillement solidaire. A Puisseguin, le préfet de la Région Aquitaine et de Gironde, Pierre Dartout, devait réunir vers 11H00 les maires de huit communes du Libournais touchées, en présence d'officiers de gendarmerie, pour faire un point sur les dernières investigations et coordonner le soutien aux familles.
Le village offrait un contraste impressionnant avec le tourbillon de la veille, entre ambulances, voitures de gendarmes, a constaté l'AFP. Une douzaine de fourgons funéraires sont entrés dans le village peu après 10H00.
Dans la chapelle ardente, toute symbolique car sans corps, installée depuis vendredi soir dans le foyer municipal, une conseillère municipale déposait des roses blanches, une par une sur 43 tonneaux recouverts d'un linceul blanc, une bougie allumée sur chacun d'eux.
- Réunir les familles dans le deuil -
Peu après 09H00 une première famille est venue se recueillir, une jeune femme effondrée soutenue par deux proches. La presse était tenue à l'écart à mesure que des familles arrivaient.
A Petit-Palais-et-Cornemps, à 7 km de là, une des communes qui a perdu le plus d'habitants, on se préparait aussi à une journée sombre, solidaire. Un psychiatre arrivait à la salle polyvalente du village, muée en cellule médico-psychologique, afin de "recevoir les familles qui le souhaitent". Lors de tels drames, "c'est souvent important de réunir les gens en groupe, car ils partagent un récit commun de ce qui s'est passé et cela peut les aider à faire face au deuil", a expliqué à l'AFP le Dr François Castandet, du Pôle psychiatrie de l'Hôpital de Libourne.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.