Le synode sur la famille doit voter samedi et remettre au pape François son rapport final après trois semaines d'âpres débats aux résultats jugés déjà décevants, faute de percées sur les sujets les plus sensibles.
Les 270 pères synodaux devaient se retrouver samedi matin pour prendre connaissance du texte définitif, une fois incorporés d'ultimes amendements. Ils doivent ensuite se retrouver à partir de 16h30 (14h30 GMT) pour voter sur chacun des 90 articles du rapport.
S'il est possible que quelques passages n'obtiennent pas la majorité requise des deux-tiers, l'adoption du texte ne fait pas de doute: des conservateurs le trouvent "confus" et des progressistes "timoré", mais la grande majorité jouent la carte du consensus.
Un désaccord frontal entre une petite aile ultra-conservatrice et une autre progressiste sur la question de l'accès à la communion des divorcés remariés civilement aura marqué le synode, même si la plupart des participants se sont félicités de l'ouverture des débats.
Signe de la vivacité des échanges, 1.355 amendements ont été déposés par les 13 groupes linguistiques. Une petite partie ont pu être incorporé dans le texte par son comité de rédaction, formé de 10 participants choisis par le pape.
Une fois voté, le texte de 50 pages doit "être remis au Saint-Père pour qu'il tranche sur les différents points. Ce ne sera pas un message du synode au monde entier", a précisé Romilda Ferrauto, l'une des porte-parole chargés de rapporter la teneur des débats à huis clos. Le pape a le choix de rendre le rapport public ou non, mais tout indiquait qu'il entendait le diffuser dès samedi.
Il devrait ensuite l'étudier pour en tirer l'an prochain ses propres conclusions, qui feront autorité. Il devrait éviter toute décision qui pourrait diviser davantage l'Eglise, même s'il a appelé vendredi les chrétiens à se tenir prêts à "changer sans cesse", à l'écoute "des signes des temps".
- 'La fin d'une Eglise qui juge' -
En convoquant deux synodes successifs sur la famille --en octobre 2014 et octobre 2015-- Jorge Bergoglio avait en effet souhaité que l'Eglise fasse son "aggiornamento" en remettant le mariage traditionnel à l'honneur mais aussi en se montrant plus bienveillante à l'égard tous ceux qui ne sont pas "en règle": unions libres, divorcés remariés, homosexuels, familles recomposées, polygames
Dans un discours remarqué au milieu du synode, le pontife argentin a aussi demandé plus de collégialité dans l'Eglise. Selon certains participants, cette décentralisation pourrait permettre aux évêques et aux prêtres de juger au cas par cas l'accès à la communion.
Mais beaucoup de prélats redoutant, en raison de la diversité des problématiques, que cela conduise à une dispersion et à la division.
"L'écoute" et "l'accompagnement", avant le mariage comme dans les crises, ont été les mots clés de ce synode, la grande majorité des participants s'accordant sur la nécessité de changer gestes, paroles et attitudes.
Cette assemblée pourrait marquer "le début d'une Eglise nouvelle", a estimé Mgr Luc Van Looy, évêque de Gand (Belgique), estimant que les débats marquent "la fin d'une Eglise qui juge toutes les situations" et la mise en route "vers une Eglise qui accueille, qui accompagne, qui écoute et qui parle aussi avec clarté".
Contrairement au synode de 2014, et malgré le retentissement à la veille de l'ouverture du "coming out" d'un prêtre de la curie, l'homosexualité n'a été pratiquement pas abordée, des conservateurs, en particulier africains, s'opposant à ce que ce sujet soit placé parmi ceux de la famille.
La place des femmes a fait l'objet de divergences, certains prélats se montrant très déçus du manque d'ouverture de l'Eglise sur le sujet ou relevant l'incongruité de ces débats sur la famille menés quasi exclusivement par des hommes ayant fait voeu de célibat.
Les pères synodaux ont cependant largement évoqué les violences faites aux femmes dans les familles et les millions de femmes obligées d'élever seules leurs enfants, en particulier en raison des vagues migratoires.
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