Cinq ans de prison avec sursis ont été requis vendredi à l'encontre de l'ex-urgentiste Nicolas Bonnemaison, rejugé en appel à Angers pour "l'empoisonnement" de sept patients en fin de vie en 2010 et 2011.
Devant la Cour d'assises du Maine-et-Loire, l'avocat général, Olivier Tcherkessoff, au nom de l'accusation, a estimé que Nicolas Bonnemaison, 54 ans, n'était "pas un assassin, pas un empoisonneur au sens commun de ces termes", mais qu'il avait bien "provoqué la mort délibérément" de six des sept malades, en leur injectant des produits létaux pour "hâter la fin". Une peine tout aussi modéréé -- cinq ans de prison avec sursis, avec sursis possible sur l'intégralité des faits -- avait été requise en première instance en juin 2014 devant les jurés de la Cour d'assises de Pau où le médecin avait été acquitté, alors qu'il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
"Il ne s'agit pas d'accabler un homme fragile et en souffrance, dont tout démontre qu'il a été victime de son propre aveuglement" en s'"installant dans sa toute puissance", a lancé l'avocat général aux jurés, en conclusion de son réquisitoire d'environ trois heures, entrecoupé d'une brève pause.
"S'il n'est pas question de lui reprocher ces hospitalisations répétitives, n'a-t-il pas présumé de ses forces? Nous avons ici l'illustration d'un épuisement personnel et professionnel au point que le patient est devenu l'étranger", a-t-il poursuivi.
"Non, M. Bonnemaison n'est pas un assassin ou un empoisonneur au sens commun de ces termes", a-t-il déclaré, reprenant les mots de son homologue de Pau, lors du premier procès, "mais il peut se voir reprocher plusieurs atteintes à la vie d'autrui", en leur administrant notamment de l'hypnovel, un puissant sédatif, et du norcuron, un médicament à base de curare.
"La médecine, c'est la rencontre d'une confiance, celle du patient, avec une conscience, celle du médecin. Et avoir le sentiment que cette confiance puisse être trahie, c'est la fin de la médecine", a-t-il souligné au début de ses réquisitions.
"Oui, il y a des médecins formidables. Oui, M. Bonnemaison, vous avez pu faire partie de ceux là". Mais, "dans les cas qui nous occupent, M. Bonnemaison s'est mis lui-même hors de la loi, la loi médicale, mais aussi la loi pénale", a ajouté Olivier Tcherkessoff. "La volonté de cacher ce qu'il décide, ce qu'il prescrit et ce qu'il administre est révélatrice de son intention", a-t-il martelé.
Nicolas Bonnemaison, 54 ans, connaîtra le verdict des jurés de la Cour d'assises samedi.
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