Portée par un sondage qui la place à quatre points de la majorité absolue au second tour aux régionales de Nord-Pas de Calais-Picardie, Marine Le Pen s'est permise de zapper l'une des principales émissions politiques pour se poser en cheffe de l'opposition au "système".
A l'unisson des frontistes, le député du Gard Gilbert Collard s'est réjoui vendredi matin de l'acte qualifié de "révolutionnaire" de son alliée, qui s'est décommandée de Des paroles et des actes jeudi soir sur France 2 : "Bien sûr que c'est tout bénef!" s'est-il exclamé sur France Info.
Et le médiatique avocat, jamais avare d'expressions plus ou moins heureuses, de tweeter: "Cambadélis et Sarko +pujadisent+ dans le même plumard !".
C'est que pour les frontistes, la décision de Marine Le Pen lui a permis de figurer seule contre un supposé "système" politico-médiatique perpétuellement dénoncé, tout comme de montrer qu'elle savait se faire "respecter".
David Pujadas, présentateur de l'émission, "a cédé aux injonctions de Cambadélis et Sarkozy réunis", qui s'étaient adressés au CSA mercredi, "il n'y a pas de raison que Marine Le Pen cède aux injonctions de Pujadas", qui a fait preuve d'une "partialité affichée avec arrogance" dans des entretiens à FranceTVInfo et à l'Obs, assure un haut dirigeant du parti.
Au FN, "on s'est consultés par téléphone les uns les autres. Il y avait une certaine unanimité: on n'accepte pas n'importe quoi, à n'importe quelle condition", raconte cette même source.
Mais si Marine Le Pen a séché "DPDA", c'est aussi qu'elle peut se le permettre, selon ce dirigeant : "Le FN n'a aujourd'hui pas de mal à se faire entendre", et "à certains égards", on a presque plus entendu le FN grâce à l'annulation de l'émission, sourit-il.
- "T'as bien fait hier soir !" -
La présidente du FN n'en est pas moins tombée sous une avalanche de critique de ses adversaires jeudi soir et vendredi matin: un "caprice de diva" pour son opposant Les Républicains en région, Xavier Bertrand, de la "lâcheté" d'après Chantal Jouanno (UDI), des "états d'âme de star" pour Yves Jégo (UDI), un "yéti (qui) a peur d'une souris" pour Jean-Luc Mélenchon (PG), une "posture" pour Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement
Mais pour la presse de vendredi, le coup de la fille de Jean-Marie Le Pen était réussi : elle s'est posée en victime tout en réussissant à se placer au centre du débat.
Un autre élément a pu entrer en compte dans la décision d'annuler: un sondage BVA dévoilé vendredi mais qui avait fuité dès jeudi dans les états-majors politiques, dont le FN.
En cas de triangulaire au second tour, Marine Le Pen l'emporterait largement en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, avec 46% d'intentions de vote, loin devant Xavier Bertrand (Les Républicains) à 29% et Pierre de Saintignon (gauche), créditée de 25%. Pour Marine Le Pen, c'est sept point de plus que lors du dernier sondage mi-septembre.
La patronne du FN, de toute évidence engagée dans une dynamique positive, pèche-t-elle par arrogance ? "Je ne crois pas. De façon assez évidente, la partialité, l'arrogance, elle est du côté de Pujadas", pense un membre du bureau exécutif du FN.
A Senlis, vendredi matin, Marine Le Pen a repris sa campagne régionale: distribution de tracts, visite d'échoppes, de bars, et un accueil favorable des commerçants et habitants de cette ville de l'Oise, dont l'un a lancé : "Marine ! T'as bien fait hier soir !".
"Je suis la représentante de millions d'électeurs qui ont le droit au respect", a assuré à l'AFP la patronne du FN, qui a jugé le sondage BVA "intéressant", car il montre que "l'hypothèse de notre victoire est sérieuse".
Et si une occasion de débattre a été perdue sur France 2, une autre viendra très vite: un débat régional se tiendra mardi à Lille.
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