Le décès soudain du PDG d'Eiffage Pierre Berger, annoncé vendredi matin, plonge le troisième groupe français de BTP et de concessions dans une période incertaine, sa succession n'ayant pas été préparée.
Agé de 47 ans, Pierre Berger avait succédé au fondateur Jean-François Roverato à la tête d'Eiffage en août 2012.
"Eiffage annonce avec une grande émotion et une profonde tristesse que son président directeur général, Pierre Berger, est décédé cette nuit", indique le communiqué du groupe diffusé vendredi matin.
Le patron d'Eiffage a été victime d'une crise cardiaque, a précisé à l'AFP le groupe, dont le conseil d'administration va se réunir lundi.
Jean-François Roverato, 71 ans, doit normalement y participer en sa qualité de vice-président du conseil d'administration et administrateur référent, selon la même source.
L'action du groupe, qui a notamment construit le viaduc de Millau, reculait de 0,78% vendredi à 12H45 à la Bourse de Paris. Depuis la nomination de Pierre Berger au poste de PDG le 29 août 2012, le titre est passé de 22,90 euros à 53,69 euros, jeudi soir à la clôture, ce qui a plus que doublé la valeur boursière du groupe, à 5,3 milliards d'euros.
Pierre Berger, polytechnicien et diplômé de l'école des Ponts et Chaussées, a été nommé président de Vinci Construction Grands Projets en 2005 puis à partir de 2007 a occupé en parallèle les fonctions de directeur général, en charge des travaux public, de Vinci Construction France.
Il a été ensuite choisi par le conseil d'administration d'Eiffage pour devenir directeur général délégué du groupe en décembre 2010, un poste de numéro 2 derrière Jean-François Roverato en attendant de prendre sa suite à la tête du troisième groupe de BTP français, derrière Vinci et Bouygues.
"Pour nous, c'est une profonde émotion et tristesse", a expliqué à l'AFP Philippe Luppo, coordinateur CFDT du groupe Eiffage.
"Pierre Berger était vraiment l'homme qui a su succéder à Jean-François Roverato, notre ancien PDG, un homme assez charismatique", a-t-il souligné.
"Lui non plus ne manquait pas de charisme pour diriger le groupe Eiffage", a assuré le responsable syndical.
- L'exemple de Total -
La CGT, par la voix de Jean-Claude Saillard, de la branche Energie du groupe, s'est montrée moins élogieuse, lui reprochant des manques dans le dialogue social régnant à Eiffage, qui est détenu à hauteur de 24,3% par ses salariés.
Mais les deux organisations s'accordent sur l'absence de successeur putatif suite à cette disparition d'un dirigeant dans la force de l'âge.
Eiffage, qui a réalisé l'an passé un chiffre d'affaires de 13,98 milliards d'euros, "peut s'appuyer néanmoins sur des bases très solides", selon un expert du secteur de la construction.
"Pierre Berger a vraiment contribué à redresser le groupe en menant une restructuration en particulier dans la partie construction et en supervisant son refinancement et son désendettement", juge-t-il.
Fin août le groupe a annoncé un bénéfice net en hausse de 14,5% au premier semestre, à 79 millions d'euros, et confirmé ses objectifs pour 2015 d'une "nouvelle progression" de son résultat net, "malgré un léger repli de son chiffre d'affaires sur l'ensemble de l?année".
Il emploie plus de 66.000 collaborateurs autour de cinq métiers: concessions et partenariats public-privé (PPP), construction, travaux publics, énergie et métal.
"Le groupe sera bien plus facile à diriger que dans la situation dans laquelle il l'a trouvé, le souci c'est qu'il cumulait les fonctions de président et de directeur général, ce qui est toujours délicat", analyse un autre expert.
"Il y aura certainement des candidats en interne peut-être pour assurer la transition avant de chercher à l'extérieur par la suite", ajoute cette même source.
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