Plus de 700 migrants ont été évacués dans le calme vendredi matin du lycée désaffecté Jean-Quarré, le dernier grand campement installé à Paris où ils vivaient depuis l'été dans des conditions insalubres, pour être acheminés vers des centres d'hébergement.
Les policiers étaient entrés vers 06H00 dans cet ancien lycée hôtelier du nord de la capitale, ont constaté des journalistes de l'AFP. Quatre heures plus tard, l'évacuation du bâtiment était terminée, les forces de l'ordre faisant sortir de la cour les derniers migrants, qui attendaient de prendre les bus à leur tour.
Au total, 26 bus avaient été affrétés pour les emmener vers quelque 900 places d'hébergement, en Ile-de-France et en province, dans le cadre d'une mise à l'abri organisée par les services de l'Etat, la Ville de Paris et les associations.
"On n'a pas dormi de la nuit, on veut quitter", lançait en français un jeune homme, alors que l'évacuation n'avait pas encore commencé. A 05H30, ils étaient déjà plus d'une centaine à attendre sur le trottoir à l'extérieur du lycée.
"Je sais pas où je vais mais c'est toujours mieux qu'ici: on aura une douche, un repas, ici il y avait trop bagarre", expliquait un Marocain, cramponné à deux valises archipleines.
Le 26 septembre, la justice avait donné un mois aux occupants pour évacuer les lieux, un austère bâtiment de quatre étages.
Menée sous la surveillance d'un important dispositif de sécurité, l'opération s'est déroulée dans le calme, même si la logistique initialement prévue - regroupements par langues dans la cour, distribution de petits-déjeuners - a été chamboulée au vu du nombre de personnes déjà hors du bâtiment, bagages à la main, la nouvelle de l'évacuation ayant circulé dès jeudi soir.
Dans les étages vidés, les policiers ont forcé les portes fermées pour s'assurer que personne ne restait à l'intérieur.
"Prenez votre temps, tout le monde sera logé", lançait en anglais dans un mégaphone Pascal Brice, de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), aux réfugiés qui se bousculaient, dans l'impasse transformée en goulet, pour être les premiers à monter dans les bus.
A quelques mètres, des militants tenus à distance par la police scandaient les sorties aux cris de "Et des papiers pour tous!" et "Solidarité avec les réfugiés!".
- "Urgence humanitaire" -
Le bâtiment avait été occupé le 31 juillet par les migrants, et sa population avait rapidement grossi: d'une centaine début août, leur nombre est passé à 700 en septembre - Soudanais, Afghans, Erythréens
Le lycée Jean-Quarré était le dernier gros campement de migrants à Paris, après l'évacuation de ceux installés sous le métro La Chapelle début juin et près de la gare d'Austerlitz à la mi-septembre.
Les pouvoirs publics préparaient activement l'évacuation de ce site devenu ingérable en raison du nombre de personnes entassées dans les anciennes salles de cours. "Il y avait des risques d'épidémie", a indiqué à l'AFP un médecin bénévole.
"Notre idée était d'attendre la semaine prochaine mais la situation s'est aggravée depuis 15 jours avec des délits graves, une dégradation sanitaire, des violences", a assuré le préfet de police de Paris, Michel Cadot.
L'autogestion défendue par le collectif qui avait investi le bâtiment pour y reloger les migrants avait en effet rapidement atteint ses limites, avec des tensions débouchant régulièrement sur des rixes.
Les migrants seront logés dans une douzaine de centres pendant un mois, pendant lequel ils pourront réfléchir à déposer une demande d'asile. "Ils pourront se reposer, faire leurs papiers Tous seront pris en charge. C'est une urgence humanitaire pour eux", a assuré le préfet de la région d'Ile-de-France et de Paris, Jean-François Carenco.
Mais pour Clarisse, une membre du collectif La Chapelle en lutte, une inconnue demeure sur les sans-papiers. "Ils étaient une quarantaine. Que va-t-il se passer pour eux dans un mois, quand on entrera dans la période de trêve hivernale?"
La mairie prévoit deux à trois mois de travaux avant réouverture du lycée comme Centre d'hébergement d'urgence confié à Emmaüs.
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