La force de "Mon Roi", c'est de dresser des portraits nuancés de deux personnages principaux : si Giorgio en fait trop, s'il est trop impulsif et emporté, si sa démesure est irritante et son égotisme pénible, il laisse toutefois entrevoir une part de lumière qui empêche de le ranger dans la catégorie des parfaits narcissiques cruels. Tony, quant à elle, est une femme forte, qui lutte et enrage, qui se bat. Les deux acteurs s'abandonnent à leur rôle et leur interprétation est bouleversante. A côté de ce couple qui se dévore, qui n'est pas heureux ensemble mais encore plus malheureux séparé, il y a la figure solaire et lumineuse du couple formé par le frère de Tony et Babeth, sa petite amie : formidables Isild Le Besco et Louis Garrel.
L'histoire de "Mon Roi", c'est d'abord celle d'une guérison et d'une reconstruction: après une chute de ski, Tony entre en convalescence pour guérir son genou. Lors de cette thérapie, c'est aussi sa mémoire et son esprit qu'elle tente de soigner. Les souvenirs d'une vie passée à se déchirer avec l'homme qu'elle a aimé - qu'elle aime encore ? - alternent avec les plans sur le genou de Tony qui guérit peu à peu, sur sa jambe sur laquelle elle peut à nouveau s'appuyer, sur son visage qui s'illumine au fur et à mesure qu'elle se reconstruit dans le centre médical.
Le film de Maïwenn livre ainsi une réflexion profonde sur la (re)construction de soi, sur l'amour comme élan vital mais aussi comme poison, sur le fait d'être et de se sentir en vie. Cette réflexion est portée par l'histoire d'amour de Tony mais également par tous ceux qui gravitent autour de Giorgio, personnages en marge, hors du monde, décandents. La question qui rythme le film est celle de l'intensité: dans une des scènes Tony avoue à Giorgio ne plus pouvoir supporter cette vie en dents de sice, ces explosions de joie et de douleurs, ce à quoi Giorgio répond : "ça ressemble à un électrocardiogramme et si ça s'agite comme ça, c'est que tu es encore en vie..."
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