Des candidats qui exigent d'être invités, Marine Le Pen qui pose ses conditions, une chaîne hésitante: l'organisation de l'émission Des Paroles et des Actes (DPDA) consacrée à la présidente du FN, jeudi soir, apparaît extrêmement confuse.
France 2, critiquée par les patrons des Républicains et du PS pour avoir à nouveau invité la dirigeante du FN à cette émission, pensait avoir vaincu les dernières réticences en conviant dans la nuit de mercredi à jeudi les deux principaux adversaires de Mme Le Pen aux élections régionales en Nord-Pas de Calais-Picardie.
Las, la situation s'est compliquée jeudi matin, chacun des acteurs y allant de ses exigences.
Pierre de Saintignon (PS), qui avait réservé sa réponse toute la matinée, a finalement annoncé sa participation "pour défendre (son) projet pour les habitants" du Nord-Pas-de-Calais/Picardie.
Xavier Bertrand (LR), lui, a partiellement accepté: il répondra "en duplex depuis La Chapelle d'Armentières où il tient une réunion publique", a tweeté son directeur de campagne, Gérald Darmanin, le camp Bertrand réclamant une heure de débat.
Les deux candidats viendraient s'ajouter à Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, et Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI, déjà invités pour porter la contradiction à la fille de Jean-Marie Le Pen.
A moins que Marine Le Pen, qui a conditionné sa participation à l'émission au remplacement de ce débat "national" par une confrontation avec ses adversaires régionaux, obtienne gain de cause auprès de France 2.
Marine Le Pen a toutefois assuré qu'en l'état elle ne renoncerait pas à participer à cette émission. "Non je ne renoncerai pas, malgré toutes les mauvaises manières qui me sont faites, pour une raison simple, c?est que je suis la voix de ceux qui n?en ont pas", a-t-elle déclaré sur Europe 1.
"Nous ne comprenons pas ce refus" du nouveau format d'émission proposé, a assuré de son côté à l'AFP la chaîne, qui exprime son souhait d'être "un lieu de débat".
Cette nouvelle configuration, loin d'apaiser les tensions, a fait des vagues: Sandrine Rousseau, la tête de liste régionale EELV-Parti de gauche, a ainsi demandé à son tour à être intégrée au débat télévisé, tout comme Debout la France avec son candidat Jean-Philippe Tanguy, tandis que M. Lagarde se disait "effaré par les exigences" de Marine Le Pen "qui prétend () dicter sa loi à une grande chaîne du service public".
- Une "collusion" -
Marine Le Pen est certes la personnalité la plus invitée à cette émission (5 sur 36), mais le Front National "n?a qu?un leader à l?envergure nationale suffisante pour le représenter dans une telle émission", expliquait il y a quelques jours David Pujadas, présentateur vedette de l'émission déjà visé par des critiques.
Le FN, rappelait-il, n'a bénéficié que de "12% du total" de temps de parole de l'émission ces trois dernières années, "soit le bas de la fourchette des obligations".
Dénonçant une situation ubuesque, la principale intéressée a multiplié les déclarations d'indignation jeudi, allant jusqu'à demander sur Twitter si France 2 la prenait pour "leur chien" en lui "imposant six débats de suite".
Mais à un mois et demi du premier tour, le 6 décembre, ce front commun de ses adversaires ne peut quoi qu'il en soit que ravir le Front national, qui dénonce en permanence une supposée collusion entre le PS et Les Républicains sous le nom d'"UMPS" jusqu'à il y a peu, d'"RPS" désormais.
"Tout ce qui révèle l'+RPS+ est à prendre. L'émission elle-même devient le principal sujet de l'émission, ce qui est en soi un fait politique intéressant", remarque Florian Philippot, bras droit de Marine Le Pen, auprès de l'AFP.
La présidente du parti d'extrême droite est en bonne position selon les sondages pour remporter les régionales dans la grande région du Nord, et sa nièce Marion Maréchal-Le Pen livre un duel acharné avec Christian Estrosi (LR) en Paca.
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