Les syndicats d'Air France ont accusé la direction d'entretenir "la confusion" jeudi, en comité central d'entreprise, en refusant, selon eux, de préciser le nombre d'emplois supprimés en 2016, au moment où les salariés commençaient à manifester près de l'Assemblée nationale.
Le premier CCE depuis les violences survenues le 5 octobre, après la confirmation d'un plan de restructuration menaçant jusqu'à 2.900 postes, a été délocalisé dans un hôtel particulier du XVIe arrondissement de Paris, sous protection de la police, situé à quelque deux kilomètres du palais Bourbon.
"Un bel endroit pour annoncer des suppressions de postes, un beau symbole", ironise Didier Fauverte, secrétaire (CGT) du CCE.
A la mi-journée, la direction n'avait toujours pas détaillé ses intentions en matière d'emploi, au grand dam des syndicats.
"C'est le flou artistique", "pour l'instant la direction ne répond pas du tout" aux questions posées, a regretté Miguel Fortea, numéro un de la CGT Air France.
"Nous avons une grosse impression de confusion", a aussi commenté auprès de l'AFP Véronique Damon, du syndicat de pilotes SNPL.
D'après elle, toutefois, la direction "s'oriente vers la confirmation d'un millier de postes supprimés en 2016, quelle que soit l'issue des négociations" avec les syndicats sur de nouvelles mesures de productivité.
La direction a livré "des explications très confuses" et "aucun détail sur les 1.000 emplois", a ajouté Gilles Rivet (FO).
Air France qui a déjà perdu 5.500 postes entre 2012 et 2014, est dans la tourmente depuis que direction et pilotes ont échoué à s'entendre sur un plan de développement prévoyant que tous les navigants volent une centaine d'heures de plus par an.
Faute d'accord, la compagnie a présenté le 5 octobre un plan de "restructuration" menaçant 300 emplois de pilotes, 900 d'hôtesses et stewards, 1.700 au sol, sur 2016-2017.
La mise en oeuvre du plan peut être "évitée" en 2017, mais pas en 2016 où "moins" d'un millier de postes seront supprimés, selon le PDG d'Air France-KLM, Alexandre de Juniac.
Les élus du personnel ont voté jeudi "à l'unanimité" le déclenchement d'un droit d'alerte. Un cabinet d'experts sera missionné jusqu'à fin janvier pour interroger Air France "sur la stratégie, le plan de développement et l'emploi", selon M. Fortea.
- Début du rassemblement -
En début d'après-midi, plusieurs centaines de salariés s'étaient déjà rassemblés près de l'Assemblée nationale, pour défendre l'emploi et soutenir cinq de leurs pairs poursuivis pour violences en réunion, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Ces salariés sont soupçonnés d'être impliqués dans l'agression des deux dirigeants qui avaient fui des salariés en colère, chemises en lambeaux. Mis à pied sans salaire, ils seront jugés le 2 décembre.
Une pancarte "soutien aux inculpés d'Air France" et une banderole "arrêt des poursuites disciplinaires et judiciaires, nous ne sommes pas des voyous", était visible parmi les manifestants, dont la plupart portaient des chasubles jaune fluo, emblématiques des personnels au sol.
Devant l'aéroport de Strasbourg, une centaine de personnes s'étaient par ailleurs réunies en fin de matinée à l'appel de la CGT, selon les syndicats.
Les représentants des salariés redoutent que le sureffectif induit en 2016 par la baisse d'activité décidée par Air France, sur son réseau long courrier, ne puisse être résorbé par des départs volontaires.
Éviter les licenciements secs, avec les économies réclamées, "c'est mission impossible", pour Miguel Fortea.
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