La France devrait enregistrer une hausse "modérée" de la demande d'asile cette année, au vu de la progression de 8% notée au cours des neuf premiers mois, qui contraste avec le million de réfugiés attendus par l'Allemagne.
Environ 52.000 demandes d'asile ont été déposées au cours des neuf premiers mois de 2015, soit une hausse de 4.000 dossiers par rapport à la même période de l'an dernier, a-t-on appris jeudi auprès de l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides).
Ce chiffre correspond à une hausse de 8%, qui a été surtout sensible à l'été, dans le sillage des demandes d'asile déposées à Calais ou à Paris avec les évacuations de campements, de la réforme de l'asile et de l'accueil de réfugiés syriens arrivés d'Allemagne, a-t-on expliqué à l'Ofpra, en parlant d'un phénomène "anticipé et maîtrisé".
Pour l'ensemble de l'année, on s'attend à l'Ofpra à une "augmentation modérée de la demande d'asile", au vu d'une tendance "qui se poursuit début octobre". Les premières arrivées de réfugiés que la France s'est engagée à prendre en charge dans le cadre d'un accord européen devraient en effet se refléter dans les chiffres mais pas avant la fin de l'année ou le début de l'année prochaine.
La France avait enregistré 65.000 demandes environ en 2014, soit une baisse de 2% par rapport 2013, qui s'inscrivait déjà à contre-courant des phénomènes enregistrés par les pays voisins.
Dans un contexte de crise migratoire qui jette Syriens, Irakiens et Afghans sur les routes de l'exode, la Suède, la Grande-Bretagne et l'Allemagne surtout connaissent de très importantes arrivées de réfugiés. Berlin s'attend ainsi accueillir jusqu'à un million de personnes cette année.
- Soudan, Kosovo, RDC -
En France, les principaux pays d'origine des demandeurs d'asile au cours des trois premiers trimestres ont été le Soudan, avec un triplement de la demande à 3.000 dossiers environ, le Kosovo, qui pourrait refluer car le pays vient d'être remis sur la liste d'origine sûre, et la République démocratique du Congo, en baisse pour la première fois depuis des années.
A Calais ainsi, où la "Jungle" a doublé de taille en quelques semaines pour atteindre 6.000 personnes, l'Ofpra mène une politique active d'incitation à l'asile qui s'est traduite par le dépôt de 1.500 demandes depuis le début de l'année. Pour celles qui sont traitées, le taux d'accord est de 40% environ et elles concernent à 80% des Soudanais, a-t-on précisé de même source.
Lors d'un déplacement à Calais mercredi, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a indiqué que les candidats à l'asile seraient également orientés vers des centres d'accueil ou Cada, pour lesquels 2.000 places vont être réservées dans toute la France d'ici la fin de l'année.
Le taux d'accord "a continué d'augmenter" et sur 9 mois il était de 22% à l'Ofpra et de 30% après les recours engagés à la CNDA (Cour nationale du droit d'asile).
L'Office a augmenté de 15% le nombre de décisions prises au cours de la période, et a réduit de plus de 10% le stock des demandes en attente, une évolution jugée "fondamentale" car elle permet de progresser vers la réduction à trois mois du délai de traitement à l'Ofpra prévu par la réforme de l'asile.
Cette réforme, qui doit entrer en vigueur le 1er novembre, vise à réduire drastiquement le délai d'instruction des demandes, à neuf mois au total contre deux ans actuellement. Une telle accélération a été jugée prioritaire par la Cour des comptes dans un récent rapport afin de désengorger le système et mener une politique plus efficace de reconduite à la frontière des demandeurs déboutés de leur demande.
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