Ultra-mobilisés, les syndicats d'Air France s'apprêtent à manifester jeudi à Paris contre le plan de restructuration menaçant jusqu'à 2.900 emplois, actuellement examiné en comité central d'entreprise, le premier depuis les violences ayant marqué le précédent du 5 octobre.
La séance a été délocalisée dans un hôtel particulier du XVIe arrondissement de Paris, protégé par la police. "C'est un bel endroit pour annoncer des suppressions de postes, un beau symbole", ironise Didier Fauverte, secrétaire (CGT) du comité central d'entreprise.
Selon lui, la direction doit présenter "secteur par secteur, le nombre de postes censés être supprimés" d'ici à l'été 2017.
En fin de matinée, elle ne l'avait toujours pas fait.
"C'est le flou artistique", "pour l'instant la direction ne répond pas du tout" aux questions des syndicats, a regretté Miguel Fortea, numéro un de la CGT Air France.
Les élus du personnel ont voté "à l'unanimité" jeudi pour le déclenchement d'une procédure de droit d'alerte, a-t-il dit. Un cabinet d'expert sera missionné jusqu'à fin janvier pour interroger Air France "sur la stratégie, le plan de développement et l'emploi", selon lui.
A 13h00, les salariés sont appelés par une large intersyndicale à se rassembler près de l'Assemblée nationale, "en uniforme", pour défendre l'emploi et soutenir cinq de leurs pairs poursuivis pour violences en réunion.
Ces salariés sont soupçonnés d'être impliqués dans l'agression des deux dirigeants qui avaient fui des salariés en colère, chemises en lambeaux. Mis à pied sans salaire, ils seront jugés le 2 décembre.
"Les salariés d'Air France devraient être en nombre, mais cela dépasse même Air France: nous avons eu des messages de salariés d'autres entreprises qui viendront", affirme Laurent Dahyot (CGT). "Ca devrait être l'événement de l'année", prédit Christophe Malloggi (FO).
La mobilisation, assortie de préavis de grève pour certains métiers et escales, ne devrait entraîner que quelques "retards possibles".
- 'Mission impossible' -
Air France qui a déjà perdu 5.500 postes entre 2012 et 2014, est dans la tourmente depuis que direction et pilotes ont échoué à s'entendre sur un plan de productivité et de croissance, prévoyant que tous les navigants volent une centaine d'heures de plus par an.
Faute d'accord, la compagnie a présenté le 5 octobre un plan alternatif de "restructuration" menaçant 2.900 emplois (300 pilotes, 900 hôtesses et stewards, 1.700 au sol) sur 2016-2017.
Le PDG d'Air France-KLM, Alexandre de Juniac, a affirmé dimanche que le plan pourrait être "évité" en 2017 si un accord intervenait sur de nouveaux efforts de productivité d'ici à début 2016.
Mais la première phase est lancée, et les suppressions de postes qui vont avec, "moins d'un millier", a-t-il dit.
Pierre Laurent (PCF) lui a demandé jeudi de "s'opposer à ce plan et à se poser un certain nombre de questions". Par exemple, "est-ce qu'on continue en 2015 et en 2016 à verser du CICE à Air France", après l'annonce des suppressions d'emplois ?
Pour les syndicats, les mesures de départs volontaires que la direction veut mettre en ?uvre en 2016 ne suffiront pas à résorber le sureffectif.
Éviter les licenciements secs, avec les économies réclamées, "c'est mission impossible", a déclaré Miguel Fortea (CGT), dont le syndicat réclame "une table ronde avec l'État actionnaire" à plus de 17%.
Les syndicats reprochent à l'État l'augmentation récente des redevances aéroportuaires, au détriment d'Air France, et l'octroi de droits de trafic en région aux compagnies concurrentes, notamment du Golfe.
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