Myat Noe et Aye Aye naviguent entre les tables du café pour prendre une commande ou balayer. Comme des millions d'enfants en Birmanie, l'un des pays les plus touchés au monde par le travail des mineurs, ces deux amies travaillent 13 heures par jour.
Dans ce pays où le travail des enfants est culturellement accepté, les ONG voient la campagne électorale comme l'une des rares occasions de dénoncer cette situation.
Plusieurs organisations viennent de réunir en colloque, à quelques semaines des législatives historiques du 8 novembre, une grande partie des 90 partis en lice pour les "exhorter à assurer une éducation gratuite et obligatoire pour tous d'ici 2020".
La Birmanie est en effet le pays d'Asie du sud-est qui dépense le moins en matière d'éducation et l'un des plus mauvais élèves au niveau mondial, d'après la Banque mondiale.
La Ligue nationale pour la démocratie (LND) de l'opposante Aung San Suu Kyi, dont la lutte contre la pauvreté est la priorité affichée, a promis de consacrer davantage à l'éducation.
Selon le dernier recensement, 4,4 millions d'enfants de moins de 18 ans ne sont pas scolarisés dans le pays. D'après la société d'analyse Verisk Maplecroft, la Birmanie se situerait en termes de travail des enfants juste devant l'Inde et le Liberia, à la 7e plus mauvaise place.
Le phénomène n'est pas récent mais s'est accentué avec la fin de la dictature militaire en 2011 et l'ouverture de nouvelles usines, d'hôtels, de cafés Des entreprises à la recherche de main-d'?uvre bon marché.
- Au travail 7 jours/7 et 13h/jour -
A Rangoun, dans les "teashops", ces cafés populaires ouverts sur la rue où les Birmans aiment s'asseoir à toute heure pour siroter du thé au lait en parlant affaires ou politique, quasiment tous les serveurs sont des enfants, âgés parfois de 7 ou 8 ans.
La plupart des travailleurs sont issus des minorités ethniques, viennent des zones rurales, travaillent 7 jours sur 7 et en moyenne 13 à 14 heures par jour. Dans les cafés, souvent, ils dorment sur place dans de grands dortoirs ou simplement sous les tables.
"Je viens de la campagne et je dois aider mes parents qui n'ont pas d'argent", raconte Myat Noe, dont le prénom a été modifié. Elle n'a pas encore 13 ans et travaille depuis l'âge de 9 ans pour à peine plus d'un dollar par jour.
En Birmanie, des lois existent pourtant, explique Piyamal Pichaiwongse, de l'Organisation internationale du travail (OIT). Mais elles "ne sont pas appliquées", constate-t-elle.
Face à cette situation, quelques associations offrent une scolarisation partielle à ces jeunes travailleurs.
Malgré ses yeux rougis par la fatigue, Naing Lin Aung semble boire les paroles de son professeur. Depuis six mois, trois soirs par semaine après sa journée de travail, il s'assoie autour des tables qu'il nettoie tous les jours, pour suivre des cours.
"Je sais pas ce que sera ma vie à l'avenir, donc je veux avoir quelques notions d'anglais, d'informatique et des connaissances pour savoir me débrouiller si je suis malade", explique l'adolescent de 15 ans, qui a quitté l'école à 10 ans.
- L'école au café -
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