Les syndicats des personnels de l'administration pénitentiaire appellent à une manifestation nationale jeudi à Paris, qui conduira le cortège devant le ministère de la Justice, un nouveau défi pour la garde des Sceaux Christiane Taubira.
Après celle des policiers et des avocats la semaine dernière, c'est à leur exaspération que la ministre devra faire face. Conditions de travail, insécurité, indemnités trop peu élevées, les sujets qui cristallisent la colère des personnels pénitentiaires sont nombreux.
A l'appel de quatre syndicats, l'UFAP-UNSa Justice, le SNP-FO Personnels de Surveillance, le SNJFO Personnels administratifs et la CGT Pénitentiaire, tous les personnels de surveillance, personnels techniques et administratifs, sont invités à se rassembler à 12H30 place du Châtelet - la préfecture de police ayant interdit le rassemblement initialement prévu devant le Palais de justice.
Le cortège passera par la Rue du Renard, devant l'ancienne Direction de l'administration pénitentiaire (DAP), qui vient de déménager, avant de rallier la place Vendôme. Les syndicats ont sollicité une rencontre à 17H00 avec Christiane Taubira.
Au coeur de leurs revendications, la fin du "mode dégradé", qui permet aux surveillants pénitentiaires plus de mobilité pour "découvrir des postes". Ce système implique que tous les postes ne sont pas couverts. Concrètement, "cela signifie que sur un étage, par exemple, au lieu d'avoir quatre surveillants, on n'en aura plus que deux", explique Christopher Dorangeville, secrétaire national de la CGT Pénitentiaire.
Ainsi, les syndicats exigent également des créations d'emplois. "Selon les chiffres de l'administration, 1.200 à 1.300 postes dans les organigrammes restent vacants", poursuit le syndicaliste.
Pour renforcer les quelque 27.000 personnels déjà existants, l'administration pénitentiaire a lancé le 1er octobre une grande campagne de recrutement, visant à embaucher 1.500 surveillants et 200 conseillers d'insertion et de probation en 2016.
- La santé et la sécurité en question-
Par ailleurs, les manifestants réclament une revalorisation de leurs indemnités, notamment de l'indemnité de sujétion spéciale (ISS). Actuellement de 24%, et comprise dans le salaire global, "on voudrait qu'elle soit à 26% pour tous", déclare le secrétaire national de la CGT.
Enfin, les personnels pénitentiaires demandent une négociation sur les questions d'hygiène et de sécurité. Avec moins de personnel, "nous avons chacun un plus grand nombre de détenus à gérer, et nous sommes soumis à un plus grand risque d'agressions. Sans parler des conséquences sur la santé des personnels, avec un taux de burn-out et de suicides supérieur à la moyenne de la population", ajoute Christopher Dorangeville.
Une étude de l'Institut de veille sanitaire (InVS), publiée au mois de juillet, fait effectivement apparaître "un excès de suicide statistiquement significatif chez les hommes (+21 %)" et recommande à l'administration pénitentiaire "de continuer les mesures de prévention sur le suicide" et "de poursuivre la mise en place d'un système de surveillance sanitaire".
Le député et président de la Commission des lois Jean-Jacques Urvoas (PS) s'est de son côté déclaré "inquiet", sur son blog, du nombre croissant "d'agressions physiques" commises à l'égard des personnels pénitentiaires. Il annonce qu'il soumettra, à l'occasion de la discussion sur le budget 2016 de l'administration pénitentiaire, des questions au gouvernement à ce sujet.
Pour 2016, le projet de budget de la justice est de 8.043 millions d'euros, dont 3.409 millions d'euros pour l'administration pénitentiaire, soit une hausse de 1% par rapport à l'année 2015.
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