La situation restait tendue mercredi à Moirans, après le nouveau refus de la justice de libérer un jeune détenu pour assister aux obsèques de son frère, qui avait entraîné la veille une flambée de violences.
Plus de deux cents gendarmes étaient mobilisées dans cette commune de l'Isère de 8.000 habitants, à une vingtaine de kilomètres de Grenoble. "Le calme est revenu mais on reste en alerte maximum pour suivre la situation", a souligné le préfet de l'Isère, Jean-Paul Bonnetain.
"La plus extrême fermeté sera à l'oeuvre dans les jours et les heures qui viennent à l'égard de quiconque s'engagerait à enfreindre le droit dans le département de l'Isère", a assuré le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.
Le procureur de Grenoble, Jean-Yves Coquillat, tiendra une conférence de presse à 17H30 à la brigade de gendarmerie de Moirans "pour faire un point sur l'enquête en cours et les perspectives de celles-ci", a-t-il annoncé à l'AFP. Il annoncera à cette occasion à quel service il confie l'enquête, a-t-il ajouté.
Mardi, plusieurs dizaines de gens du voyage ont brûlé des palettes et des carcasses de voitures sur la RD 1085 et sur la voie ferrée, bloquant le trafic SNCF entre Lyon et Grenoble. Une casse a été pillée par les émeutiers, qui ont également saccagé la gare de Moirans à coups de barre de fer. Non loin de là, à Voreppe, une dizaine de voitures ont également été incendiées mardi.
Un corbillard est arrivé mercredi après-midi au campement de gens du voyage de Moirans, laissant supposer que les obsèques de son jeune habitant allaient pouvoir se dérouler comme initialement prévu.
De nombreuses personnes ont afflué vers le camp, la plupart vêtus de noir et des fleurs à la main, pour se recueillir, a constaté une journaliste de l'AFP.
Le refus des autorités judiciaires de laisser sortir le frère du jeune défunt, en prison depuis trois ans pour vol à main armée, avait déclenché mardi de violentes émeutes, ainsi qu'une mutinerie à la prison d'Aiton (Savoie) où l'homme était détenu.
La veille, la famille avait une première fois demandé le report de la cérémonie à jeudi, dans l'espoir que, dans l'intervalle, le juge d'application des peines autorise finalement la sortie du détenu. Mais la cour d'appel de Chambéry a confirmé mercredi matin dès 08H00 le rejet d'une première demande d'autorisation de sortie, sans escorte, de ce détenu âgé de 24 ans.
Et la juge d'application des peines d'Albertville a également rejeté dans la matinée une nouvelle demande d'autorisation de sortie, sous escorte, cette fois-ci.
Ce refus est essentiellement motivé par "des violences sur un codétenu, commises le 26 juillet 2015" et par la mutinerie intervenue mardi soir à la prison d'Aiton, selon un communiqué du parquet d'Albertville.
"Le fait qu'on interdise à ce gars d'aller voir la dépouille de son frère, c'est atterrant. Il a été jugé comme ayant un comportement global satisfaisant", s'est énervé Me Ronald Gallo, avocat du détenu.
"C'est d'abord la juge qui a fait une erreur puis c'est la communauté des gens du voyage. Ils n'auraient pas dû réagir comme ça: il fallait laisser la justice prendre sa décision", a-t-il ajouté.
- "Grabuge" -
La mère du détenu Adèle Vinterstein s'est dite "révoltée".
"Il va y avoir du grabuge. Je n'ai plus rien à perdre", a-t-elle lancé dans sa caravane.
"On a des soutiens dans des camps partout en France. Tout le monde va se révolter", a poursuivi sa propre mère, les larmes aux yeux, à ses côtés.
Le détenu a été transféré dans une autre prison, selon le parquet d'Albertville, qui n'a pas précisé laquelle. Il s'agirait de la prison de Villefranche-sur-Saône (Rhône), où deux détenus d'Aiton ont été transférés dans la nuit, selon une source syndicale.
Aucune interpellation n'a eu lieu la nuit dernière à Moirans mais des consignes avaient été données pour prendre des photos, des vidéos et recueillir des témoignages afin d'identifier et de poursuivre en justice les instigateurs des émeutes.
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