La situation restait très tendue mercredi à Moirans, après le nouveau refus de la justice de libérer un jeune détenu pour assister aux obsèques de son frère, qui avait entraîné la veille une flambée de violences.
Plus de deux cents forces de sécurité étaient mobilisées dans cette commune de 8.000 habitants à une vingtaine de kilomètres de Grenoble. "Le calme est revenu mais on reste en alerte maximum pour suivre la situation", a souligné le préfet de l'Isère, Jean-Paul Bonnetain.
"La plus extrême fermeté sera à l'oeuvre dans les jours et les heures qui viennent à l'égard de quiconque s'engagerait à enfreindre le droit dans le département de l'Isère", a assuré le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.
"Je vais faire venir le cercueil de mon fils ici. Et il ne bougera pas tant que mon autre fils ne pourra pas venir", a indiqué à l'AFP Adèle Vinterstein, la mère du jeune homme décédé ce weekend dans un accident de la route.
Par la suite, Mme Vinterstein a refusé d'être aussi affirmative. Ses proches ont promis d'en dire plus en début d'après-midi.
Les obsèques du jeune homme, mort le week-end dernier dans un accident de la route à bord d'une voiture volée, devaient initialement se tenir mercredi à 14H00 à l'église de Moirans.
Le refus des autorités judiciaires de laisser sortir le frère du jeune défunt, en prison depuis trois ans pour vol à main armée, avait déclenché mardi de violentes émeutes, ainsi qu'une mutinerie à la prison d'Aiton (Savoie) où le jeune homme était détenu.
La veille, la famille avait une première fois demandé le report de la cérémonie à jeudi, dans l'espoir que, dans l'intervalle, le juge d'application des peines autorise finalement la sortie du détenu. Mais la cour d'appel de Chambéry a confirmé mercredi matin dès 08H00 le rejet d'une première demande d'autorisation de sortie, sans escorte, de ce détenu âgé de 24 ans.
Et la juge d'application des peines d'Albertville a également rejeté dans la matinée une nouvelle demande d'autorisation de sortie, sous escorte, cette fois-ci.
Ce refus est essentiellement motivé par "des violences sur un codétenu, commis le 26 juillet 2015" et par la mutinerie intervenue mardi soir à la prison d'Aiton, selon un communiqué du parquet d'Albertville.
"Le fait qu'on interdise à ce gars d'aller voir la dépouille de son frère, c'est atterrant. Il a été jugé comme ayant un comportement global satisfaisant", s'est énervé Me Ronald Gallo, avocat du détenu.
"C'est d'abord la juge qui a fait une erreur puis c'est la communauté des gens du voyage. Ils n'auraient pas dû réagir comme ça: il fallait laisser la justice prendre sa décision", a-t-il ajouté.
- 'Grabuge' -
La mère du détenu Adèle Vinterstein s'est dite "révoltée".
"Il va y avoir du grabuge. Je n'ai plus rien à perdre", a-t-elle lancé dans sa caravane.
"On a des soutiens dans des camps partout en France. Tout le monde va se révolter", a poursuivi sa propre mère, les larmes aux yeux, à ses côtés.
Le détenu a été transféré dans une autre prison, selon le parquet d'Albertville, qui n'a pas précisé laquelle. Il s'agirait de la prison de Villefranche-sur-Saône (Rhône), où deux détenus d'Aiton ont été transférés dans la nuit, selon une source syndicale.
Aucune interpellation n'a eu lieu la nuit dernière à Moirans mais des consignes avaient été données pour prendre des photos, des vidéos et recueillir des témoignages afin d'identifier et de poursuivre en justice les instigateurs des émeutes.
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