Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve se rend mercredi à Calais, pris entre les appels à soulager les souffrances des réfugiés d'une part et les exhortations à la fermeté d'autre part, alors que le nombre de migrants du camp de la lande a doublé en quelques semaines.
Son collègue Jean-Marie Le Guen (Relations avec le parlement) a résumé la gageure que doit relever le gouvernement en déclarant dans la matinée que ce dossier "pose une question à laquelle on ne peut pas, nous, répondre".
C'est la septième visite sur le terrain du ministre de l'Intérieur, qui avait annoncé lors d'un précédent déplacement avec le Premier ministre Manuel Valls la construction de 1.500 places d'hébergement sur le bidonville.
"A Calais il existe une situation spécifique", a-t-il affirmé mardi lors d'une conférence de presse. "La situation n'est pas nouvelle, mais elle a pris incontestablement un tour particulier avec l'accélération de la crise migratoire en Europe" car le nombre de migrants sur la Lande "a augmenté de façon significative en quelques semaines et atteint désormais près de 6.000 personnes", a-t-il ajouté.
Cette visite survient alors que huit cents artistes, intellectuels ou militants réclament "un large plan d'urgence pour sortir la +Jungle+ de Calais de l'indignité dans laquelle elle se trouve", à l'approche de l'hiver de surcroît, dans un appel sur le site internet du quotidien Libération.
Les signataires de cet "appel de Calais", parmi lesquels les réalisateurs Luc et Jean-Pierre Dardenne et Michel Hazanavicius, les comédiens Omar Sy et Jeanne Moreau, les musiciens Benjamin Biolay et Abd al Malik, le dessinateur Enki Bilal, l'économiste Thomas Piketty, déplorent "un désengagement de la puissance publique".
- "Devoirs" de l'Europe -
Par ailleurs plusieurs professionnels du cinéma européen, dont Michel Hazanavicius ou l'icône allemande Hanna Schygulla, ont rencontré mardi à Bruxelles des hauts responsables de l'UE pour "rappeler l'Europe à ses devoirs" en matière d'accueil des réfugiés.
Ces artistes "manifestent une préoccupation que j'entends et que je partage", a réagi Bernard Cazeneuve. "Ils sont la voix d'une France mobilisée, solidaire, généreuse, d'une France qui refuse le repli sur soi et le rejet", a ajouté le ministre de l'Intérieur.
M. Cazeneuve doit également composer avec les récurrents appels à la fermeté de la maire (Les Républicains) de Calais, Natacha Bouchart. Lundi, l'édile a avancé l'idée d'une présence de l'armée pour surveiller la "jungle", à l'intérieur de laquelle "on ne sait pas trop ce qu'il se passe".
Lors de sa visite, Bernard Cazeneuve compte annoncer "les nouveaux moyens que l'Etat s'engage à mettre en oeuvre pour surmonter les difficultés".
"Je n'en attends rien de bon", a confié à l'AFP Christian Salomé, président de L'Auberge des migrants, qui fait partie des associatifs que le ministre rencontrera mercredi. "Les mesures d'urgence que nous avions demandées les fois précédentes n'ont pas été prises. Le gouvernement est incapable d'anticiper le flot de réfugiés de guerre", a-t-il déploré.
Rappelant qu'un doublement des capacités était prévu pour le centre d'hébergement des personnes vulnérables, situé juste à côté de "la jungle", M. Cazeneuve a indiqué que "les travaux débutent cette semaine" pour "une mise à l'abri rapide de 200 femmes et enfants".
Mercredi matin, Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement, a estimé qu"il n'y a pas de solution" à la question des migrants de Calais, mais seulement "des approches diverses, humanitaires"."Nous n'avons pas la réponse juridique à leur demande, ni même à leur souhait, puisqu'elles ne souhaitent pas rester sur le territoire français tout en y étant", a-t-il expliqué.
Toléré par les pouvoirs publics, le camp de la lande s'est formé début 2015 à proximité de la rocade portuaire de Calais, la mairie voulant éloigner les migrants du centre-ville. Le gouvernement a annoncé fin août l'installation de containers permettant de loger 1.500 personnes au sein d'un nouveau camp jouxtant ce centre. Les travaux devraient débuter fin octobre.
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