Toujours suspendu mais toujours candidat à la succession de Joseph Blatter à la tête de la Fifa, Michel Platini, président de l'UEFA, a été visé par de nouvelles accusations mardi, avec une possible "falsification des comptes" évoquée par un haut dirigeant de la fédération internationale.
Mardi, à Zurich, le comité exécutif de la Fifa, le gouvernement du foot mondial, a bien maintenu l'élection présidentielle au 26 février, sans fermer la porte à Michel Platini. Officiellement, la candidature du patron du football européen est en effet seulement conditionnée à la levée de sa suspension de 90 jours infligée le 8 octobre par la commission d'éthique pour ce paiement controversé de 2 millions de francs suisses reçu de Blatter en 2011.
"Plutôt une bonne nouvelle (), aujourd'hui, on a le sentiment que la commission électorale n'a pas tué Michel Platini", avait-on aussitôt réagi dans le camp du Français.
Quelques heures plus tard, l'humeur pourrait avoir changé auprès de l'ancien meneur de jeu de la Juventus avec les accusations à peine voilées de Domenico Scala, président de la commission d'audit et de conformité et de la commission électorale de la Fifa, dans un entretien au Financial Times. Entretien transmis à l'AFP par un dirigeant de la Fifa.
"Les deux parties (Michel Platini et Joseph Blatter) reconnaissent qu'elles ont passé un accord à propos des deux millions de francs suisses (1,8 M EUR), mais cette somme n'est jamais apparue dans les comptes de la Fifa avant le paiement effectif", en février 2011, affirme-t-il d'abord, en parlant de "manquement grave".
"Les deux parties étaient membres du Comité exécutif de la Fifa et approuvaient en connaissance de cause chaque année les bilans financiers qui étaient donc faux, () cela pourrait être considéré comme une falsification des comptes de la Fifa", poursuit-il ensuite, avant de balayer les explications des deux hommes sur la raison de ce paiement décalé de neuf ans pour des travaux de conseiller de Platini effectués entre 1999 et 2002.
- 'Explications non pertinentes' -
"Une explication que j'ai vue est que la Fifa n'était pas en mesure de payer. L'autre explication est que ça n'a pas été payé sur le moment parce que cela aurait été plus que ce que gagnait le secrétaire général. Les deux explications ne sont pas pertinentes", assène M. Scala, selon qui les deux hommes, membres du comité exécutif de la Fifa quand le paiement est intervenu, "étaient dans un conflit d'intérêt et auraient dû se récuser."
MM. Blatter et Platini ont tous deux été suspendus 90 jours à titre conservatoire par la commission d'éthique de la Fifa en raison de ce paiement. Le président démissionnaire de la Fifa est poursuivi par la justice suisse dans ce même dossier, contrairement au président de l'UEFA qui lui a été entendu dans cette affaire en tant que témoin assisté.
Pour espérer être élu président de la Fifa, Michel Platini doit donc d'abord attendre la fin de cette pénitence de 90 jours, soit le 5 janvier. Mais elle pourrait être levée plus rapidement: le Français a fait appel devant la chambre de recours et a déjà déclaré vouloir saisir le Tribunal arbitral du sport (TAS) en cas d'échec.
Parallèlement à cette sanction prise à titre provisoire, on attend cependant toujours la décision sur le fond de la commission d'éthique. Et celle-ci pourrait même prendre une sanction plus sévère.
On en saura peut être plus mercredi après-midi, cette commission ayant annoncé mardi qu'elle allait faire le point sur "les procédures individuelles en cours", sans toutefois confirmer que cela concernait les cas Blatter et Platini.
En gelant temporairement la candidature de l'ancien N.10 des Bleus, la Fifa a laissé la voie libre à l'autre poids lourd déclaré, le prince jordanien Ali, celui qui avait poussé Joseph Blatter au 2e tour le 29 mai dernier.
- Limite d'âge de 74 ans -
Michel Platini pourrait-il reprendre sa campagne le 5 janvier, une fois sa suspension levée ? "En théorie la réponse est oui", a reconnu M. Scala, toujours au FT, avant d'ajouter qu'il devrait cependant "passer par tout le processus (électoral), y compris par un contrôle de son intégrité".
C'est donc plus que jamais une course contre la montre qui est engagée par le Français de 60 ans, alors que l'UEFA pourrait réfléchir à "un plan B" en cas d'empêchement définitif de son candidat.
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