Saccages à Moirans (Isère), mutinerie à la prison d'Aiton (Savoie): à 100 kilomètres de distance, la communauté des gens du voyage a recouru à la violence mardi pour exiger que deux des siens bénéficient d'une permission de sortie de prison.
Une seule et même raison pour ce déchaînement de violences, dénoncé avec "fermeté" par le Premier ministre Manuel Valls: permettre à ces proches d'une victime d'un accident de la route, tuée le weekend dernier dans une voiture volée après avoir commis un cambriolage, de pouvoir assister mercredi à ses obsèques.
A Moirans, la situation était sous contrôle à 20H00, selon la préfecture l'Isère: "il n'y a pas de blessés" et "les incendies ont été éteints".
Plus tôt dans la journée, le directeur de cabinet du maire Franck Longo avait indiqué à l'AFP qu'une "centaine de personnes avec des barres en fer (avaient bloqué) la gare". "Autour, il y a eu de lourds saccages, notamment le restaurant attenant à la gare. Sur les voies SNCF, ils ont fait brûler des voitures", avait-il précisé.
La RD1085 à Moirans a été bloquée "par une trentaine de personnes qui (ont brûlé) des palettes et des carcasses de voitures sur la chaussée". Mais la circulation était "en cours de rétablissement" vers 20H00, a précisé la préfecture.
Du côté de la SNCF, le trafic a été interrompu du fait de la présence d'un véhicule en feu sur les voies.
Moirans est un noeud ferroviaire où convergent trois voies en étoile. Certains trains ont pu être détournés vers le nord via Chambéry et la SNCF travaille à la mise en place de transport de substitution par autocar. 218 passagers qui se trouvent dans les deux rames à proximité de la gare doivent encore être évacués, selon la préfecture.
Le préfet de l'Isère a indiqué avoir a reçu "des consignes pour diriger les opérations avec fermeté, afin de maîtriser les débordements, de faire procéder aux interpellations nécessaires et de rétablir la paix publique à Moirans. Cent vingt policiers et gendarmes et cent sapeurs-pompiers étaient mobilisés dans la soirée.
Simultanément, une mutinerie était toujours en cours au centre de détention d'Aiton (Savoie) où au moins un des jeunes gens réclamé par les gens du voyage de Moirans est incarcéré.
Selon Pascal Gaudot, du syndicat UFAP, les incidents ont débuté vers 17H00. Une vingtaine de détenus (sur les 189 à 190 de l'établissement) ont mis le feu à leur coursive et détruit les serrures de leurs cellules. Une équipe régionale d'intervention et de sécurité (Eris), venue de Lyon et spécialisé dans le rétablissement de l'ordre dans les prisons, a été dépêchée sur place.
Tout le personnel de la centrale est bloqué pour l'heure dans l'établissement, a précisé M. Gaudot.
- Valls promet la "fermeté" -
La mairie de Moirans a expliqué que les choses avaient commencé à déraper lorsque des "représentants des gens du voyage", sédentarisés dans la ville, n'ont pas obtenu du juge d'application des peines que leurs amis puissent être libérés pour assister aux obsèques.
"La justice semble refuser d?accéder à leur demande", a-t-elle poursuivi, ce que le parquet a confirmé à l'AFP, en soulignant que le juge n'entendait pas revenir sur sa décision.
"Leur avocat a fait appel de la décision. N?ayant pas eu de réponse, ils ont engagé vers 16h00 un bras de fer qui a commencé" sur la RD 1085 () où, "ayant pillé la casse voisine, ils ont bloqué" ensuite la route et "mis le feu aux véhicules", ajoute la mairie.
Dans la nuit de vendredi à samedi, trois jeunes gens du voyage gantés et cagoulés, dont certains mineurs, sont morts, après avoir commis un cambriolage, à Saint-Joseph-de-Rivière (Isère) dans une collision contre un arbre à bord d'une voiture qu'ils venaient de voler. Un quatrième occupant a survécu. Ce sont les proches de l'une des victimes dont la libération est réclamée par les gens du voyage.
"Face aux violences inadmissibles commises à Moirans, une seule réponse: la fermeté et le rétablissement de l'ordre républicain", a tweeté le Premier ministre Manuel Valls.
Cette explosion de violence rappelle ce qui s'est passé fin août lorsque des gens du voyage avaient bloqué la circulation sur l'autoroute A1 au péage de Roye (Somme) pour demander que le fils d'une victime d'une fusillade, incarcéré, puisse assister aux funérailles de son père.
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