A un an et demi de la présidentielle, François Hollande et Manuel Valls se sont livrés lundi à un plaidoyer en faveur du "dialogue social", seule méthode pour réformer, et a prévenu du risque de la "disparition" du modèle social français, "une vielle lune" pour la droite.
C'est dans un climat social dégradé, après l'affaire Air France, que s'est tenue la 4e conférence sociale du quinquennat au Palais d'Iéna, réunissant, autour du chef de l'Etat et du Premier ministre, patronat et syndicats.
Mais la première organisation syndicale, la CGT, a boycotté ce rendez-vous cher à François Hollande, comme elle l'avait fait en 2014, dénonçant une "continuité sur le plan social" avec Nicolas Sarkozy, selon son leader, Philippe Martinez.
"Le statu quo n?est plus possible. L?alternative, c?est la réforme ou la rupture. La rénovation du modèle social ou sa disparition", a averti le chef de l'Etat. Il s'est donné pour mission de "rassembler" et de réformer "jusqu'à la dernière minute" de son mandat.
Défendant "une démocratie apaisée", il a mis "les présents, comme les absents" devant leurs responsabilités.
Le chef de l'Etat rappelé que "certains", à droite, remettent en cause la légitimité des corps intermédiaires, et considèrent le paritarisme comme "une vieille lune de l'après-guerre".
A l'adresse de la CGT, qu'il n'a pas nommément citée, il a lancé: "il est commode de ne jamais s'engager à signer le moindre accord en espérant que d'autres le feront à leur place".
La première centrale syndicale n'a signé aucune des grandes réformes de son mandat, même si dans les entreprises, elle signe à 85%.
Le chef de l'Etat a salué en revanche les signataires de l'accord sur les retraites complémentaires (CFDT, CFTC, CFE-CGC) qui ont fait "preuve de responsabilité".
- Un danger: "l'immobilisme" -
Clôturant la rencontre, le Premier ministre, Manuel Valls, a abondé dans le même sens : "l?immobilisme" condamnerait notre "modèle social à terme".
Il s'en est pris à ceux qui veulent "saper les fondements de la démocratie sociale", pointant du doigt à la fois ceux à droite qui "dénoncent les syndicats " et ceux qui "s'enferment dans des postures", en visant la CGT.
"Le dialogue social est le pire des systèmes, à l'exception de tous les autres", a-t-il dit en paraphrasant Winston Churchill.
A l'issue de la rencontre, le numéro un de FO a maintenu ses critiques sur "l'autoritarisme social" du gouvernement et dénoncé "l'imprécision" des annonces. Pour son homologue de la FSU Bernadette Groison, le "dialogue social est à bout de souffle".
Dans le camp réformiste, Laurent Berger (CFDT), défenseur du dialogue social, estime avoir été entendu par le gouvernement et s'est félicité d'"avancées concrètes".
Son homologue de la CFE-CGC, Carole Couvert, s'est elle inquiétée du calendrier : "attention à ne pas surcharger la barque".
Côté patronal, la tonalité était positive, le président du Medef, Pierre Gattaz, a proposé la mise en place d'un "agenda social pour la croissance et l'emploi".
Mais Manuel Valls lui a reproché une insuffisance d'engagements des entreprises en échange des aides reçues dans le cadre du Pacte de responsabilité.
Le Premier ministre a dressé la feuille de route des futures réformes menées en concertation avec les partenaires sociaux, mais aucune négociation n'a été annoncée.
Sur la réforme épineuse du code du travail, il s'agit de "donner plus de souplesse" aux entreprises, a-t-il expliqué, sans autre précisions.
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