Elle a joué chez Marc Allégret, Henri-Georges Clouzot ou Julien Duvivier et s'est illustrée dans des rôles d'héroïnes fragiles: "petite gueule marrante" selon la romancière Colette, l'actrice populaire et productrice Danièle Delorme est décédée à l'âge de 89 ans.
Danièle Delorme "s'est éteinte chez elle", ont annoncé lundi dans un communiqué ses petits-enfants, Sarah et Hugo Gélin.
Ses obsèques auront lieu vendredi au cimetière du Montparnasse à Paris.
La présidente du Centre national du cinéma (CNC), Frédérique Bredin, a "salué la mémoire d'une artiste qui avait incarné le courage autant que la fragilité", à la voix et au regard "inoubliables".
C'était une "grande actrice, immense star des années 50", a souligné sur Twitter l'ancien président du Festival de Cannes Gilles Jacob.
Née le 9 octobre 1926 à Paris, fille du peintre et affichiste André Girard, Danièle Delorme, de son vrai nom Gabrielle Girard, se destine au départ à une carrière de pianiste.
Réfugiée à Cannes durant la guerre, cette jeune fille pleine de fraîcheur aux yeux en amande et aux traits délicats débute au cinéma à 16 ans, dans des rôles d'ingénue qu'elle jouera longtemps.
Elle tourne ses premiers films sous la direction de Marc Allégret, "Félicie Nanteuil" et "La belle aventure" (1942), "Les petites du quai aux Fleurs" (1945) et "Lunegarde" (1946).
Elle suit ensuite des cours d'art dramatique, notamment chez Tania Balachova et René Simon, et rencontre le comédien Daniel Gélin, son premier mari. Ils auront un fils ensemble, le comédien, producteur et réalisateur Xavier Gélin, décédé en 1999.
Au théâtre, elle a joué dans "Colombe" de Jean Anouilh, "Comme tu me veux" de Luigi Pirandello ou "L'Annonce faite à Marie" de Paul Claudel.
Au cinéma, elle enchaîne plus de cinquante films en près de soixante ans. Elle connaît le succès avec "Gigi" (1949) de Jacqueline Audry d'après le roman de Colette.
Elle tourne ensuite avec les plus grands réalisateurs du moment, Henri-Georges Clouzot ("Miquette et sa mère", 1949), Christian-Jaque ("Souvenirs perdus", 1950) ou Julien Duvivier, chez qui elle interprète une ingénue perverse en 1956 dans "Voici le temps des assassins", aux côtés de Jean Gabin.
- 'Entreprendre' -
Après avoir formé avec Daniel Gélin un couple représentatif du cinéma français, Danièle Delorme épouse dans les années 50 le réalisateur Yves Robert.
Ensemble, ils fondent en 1962 la maison de production La Guéville, qui accompagnera nombre de succès du cinéma français. Parmi eux, beaucoup de films d'Yves Robert, de "La Guerre des boutons" au Bal des Casse-pieds" en passant par "Alexandre le bienheureux", mais aussi "La Vie de château" de Jean-Paul Rappeneau, "Le Distrait" de Pierre Richard ou "Le Peuple Migrateur" de Jacques Perrin.
"La vie est trop courte pour la passer à attendre un rôle. Ce qui me passionne, c'est d'inventer, d'entreprendre", disait en 1984 cette femme de tête.
Danièle Delorme tourne aussi dans plusieurs films de son mari, dont "Un éléphant ça trompe énormément", dans lequel elle joue un rôle mémorable de mère de famille harcelée par un ami de ses enfants, interprété par Christophe Bourseiller.
"C'était une grande actrice mais aussi une grande productrice, pointue, avec des goûts très affirmés", a réagi l'acteur, également filleul de Danièle Delorme, auprès de l'AFP.
Elle a également joué dans une dizaine de films pour la télévision et dans la série télévisée "Madame le Proviseur", dans les années 90.
Après le décès de son fils, Danièle Delorme avait décidé de cesser sa carrière de comédienne, disant ne plus avoir eu "la force de lutter contre le trac".
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