Michel Platini veut toujours se présenter à la présidence de la Fifa mais sa candidature reste plombée par l'affaire du versement controversé reçu de Joseph Blatter, et comme il le confie au journal Le Monde: "Chaque fois que je me rapproche du soleil, comme Icare, ça brûle de partout".
. "Un million de ce que tu veux"
Le triple Ballon d'Or a admis dans un long entretien au Monde que le fameux 1,8 million d'euros ne lui avait pas été versé par Blatter en vertu d'un contrat écrit, mais plutôt d'un accord "d'homme à homme".
Cette somme de 1,8 million d'euros versée en 2011 est le solde de sa rétribution pour des travaux de conseiller effectués à la Fifa de 1999 à 2002, réaffirme Platini. L'absence de contrat écrit pourrait-elle désormais conduire des Fédérations européennes à retirer leur soutien au Français, comme l'a déjà fait la Fédération anglaise vendredi?
Le président de l'UEFA assure en tout cas avoir agi par négligence pour justifier l'absence de document écrit: "J'aurais mieux fait de demander une reconnaissance de dette et ainsi, rien de tout cela ne serait arrivé".
Quand il a "envoyé une facture" à la Fifa pour réclamer cette somme, Platini dit même s'être "trompé": "Je ne me souvenais plus que j?avais été payé 300.000 francs suisses (par an), je croyais qu'il s'agissait de 500.000 et qu'il (Blatter) me devait un rattrapage de 500.000 par quatre années. J'ai donc envoyé une facture de deux millions (CHF, soit 1,8 M EUR)".
La genèse de la collaboration avec Blatter en 1998 est tout aussi rocambolesque, telle que racontée par Platini: "+Combien tu veux ?+ demande Blatter. Je réponds: +Un million+. +De quoi ?+, +De ce que tu veux, des roubles, des livres, des dollars+. À cette époque, il n?y a pas encore l?euro. Il répond: +D?accord, un million de francs suisses par an+".
. L'ombre de Blatter
En dépit de sa suspension de 90 jours prononcée le 7 octobre par la commission d'éthique de la Fifa, Platini a toujours "envie" d'être candidat à la présidentielle Fifa programmée le 26 février.
"Ce qui m?énerve le plus, c?est d?être mis dans le même sac que les autres, lance-t-il au Monde. Je trouve honteux d?être traîné dans la boue".
Le fameux versement vaut à Platini et Blatter d'être suspendus de la même façon par la commission d'éthique. La justice suisse fait, elle, un distinguo entre le président démissionnaire de la Fifa, entendu comme prévenu, et l'ancien joueur vedette de la Juventus, comme témoin assisté.
Blatter peut-il être à l'origine des révélations sur cette affaire? "Disons que j?ai des doutes", glisse Platini, qui n'exclut pas que le Suisse veuille le "tuer politiquement": "Tout ça est sorti à partir du moment où j?ai demandé sa démission et où j?ai été candidat" à la Fifa.
. Écueils
L'ex-capitaine des Bleus a interjeté appel de sa suspension le 9 octobre auprès de la chambre de recours de la Fifa. En cas de rejet, ses "avocats saisiront le Tribunal arbitral du sport" à Lausanne. L'UEFA, dans une motion de soutien, a exigé la semaine passée que son cas soit tranché sur le fond d'ici la mi-novembre, pour qu'il ait une chance de mener sa campagne s'il est blanchi.
Mais ce n'est pas le seul écueil sur sa route: la commission électorale de la Fifa doit valider ou non sa candidature à partir de la semaine prochaine, puisque la date limite des dépôts est le 26 octobre. Or le panel chargé du volet intégrité des candidats est composé des mêmes personnes qui l'ont suspendu. Et elles ne vont sans doute pas se déjuger.
Le comité exécutif de la Fifa, sorte de gouvernement du football mondial, qui se réunit en urgence mardi à Zurich, ne devrait pas changer la date de l'élection, aucune demande forte de report n'ayant été faite.
En coulisses, l'UEFA en profitera pour discuter d'un plan B si Platini ne peut mener sa candidature à bien. A savoir soutenir un candidat issu d'une autre confédération ou faire émerger un autre Européen.
La suspension de Platini n'est qu'à titre conservatoire. Le verdict final est toujours attendu. En cas de nouvelle sanction, il faudra refaire appel devant la chambre de recours, puis éventuellement au TAS.
. Foot et chaos
Au-delà des questions sur la présidence de la Fifa, le football connaît chaque jour une séquence plus délétère. Le parquet de Francfort se penche désormais sur la procédure d'attribution du Mondial-2006 à l'Allemagne en 2000, avec un examen préliminaire qui visera à établir s'il existe un soupçon de corruption, comme l'affirme depuis vendredi le magazine Der Spiegel.
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