Grand-messe instaurée par François Hollande réunissant gouvernement, patronat et syndicats, la "conférence sociale pour l'emploi" se tient lundi dans un contexte peu amène, avec le boycott de la CGT, le conflit à Air France et des interrogations sur l'état du dialogue social en France.
Juste avant de rencontrer les partenaires sociaux à huis clos, le président va s'exprimer sur RTL pendant une heure, de 7H30 à 8H30. Il interviendra en fin de matinée devant l'ensemble des participants réunis au Conseil économique social et environnemental (Cese).
Nonobstant l'intitulé de la rencontre, la quatrième du genre, l'emploi ne figure pas au menu, malgré un chômage record. Pas plus que le Code du travail, sujet sensible évité à quelques mois de la présentation d'un projet de loi de réforme.
La CGT, premier syndicat français, a créé la surprise en annonçant qu'elle ne viendrait pas. Son secrétaire général Philippe Martinez a fustigé dans le JDD une "grand-messe d'experts patronaux" destinée "uniquement" à servir "la communication" du gouvernement. Taclant au passage le président de la République qui est, selon lui, "dans la continuité de son prédécesseur (Nicolas Sarkozy, NDLR) sur le plan social".
La centrale dénonce également l'attitude du Premier ministre qui "s'entête à ignorer les salariés" dans le conflit à Air France.
En réaction, Manuel Valls a estimé que "quand on ne participe pas à la conférence sociale, quand on ne serre pas la main du président de la République, on fait croire que le dialogue social est mort", en allusion au syndicaliste CGT de STX qui a refusé de serrer la main de François Hollande la semaine dernière.
Dans Le Parisien de lundi, la ministre du Travail Myriam El Khomry déplore "qu'avec cette attitude, la CGT (fasse) le jeu de ceux qui ne croient plus aux syndicats dans notre pays".
Pour le gouvernement, l'accord sur l'avenir des retraites complémentaires, vendredi, est arrivé à point nommé. Cet accord entre le patronat et trois syndicats (CFDT, CFTC, CFE-CGC) "apporte la preuve de la capacité du dialogue social dans notre pays", s'est réjoui Manuel Valls.
Solidaires sera aussi absent "en raison du lynchage des salariés d'Air France" et du passage en force du gouvernement sur la rémunération des fonctionnaires fin septembre.
En juillet 2014, la troisième conférence avait été plombée par l'absence de la CGT, FO, la FSU et Solidaires.
- Dialogue social en panne -
Les syndicats réformistes (CFDT, CFTC, Unsa et CFE-CGC) sont de la partie, de même que Force ouvrière et les organisations patronales (Medef, CGPME, UPA).
"Le syndicalisme, ce n'est pas que la CGT, c'est aussi les autres organisations syndicales", s'est agacé samedi Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT. "Aller à la conférence sociale, ce n'est pas être le bisounours de service", a-t-il lancé, jugeant le dialogue social "absolument indispensable".
Or selon un sondage Opinionway/Tilder/LCI publié jeudi, 92% des Français l'estiment "en panne". Et un autre sondage du même institut pour Axys Consultants, Le Figaro et BFM Business, publié dimanche, montre qu'une majorité de Français (59%) ne jugent "pas utile" la conférence sociale.
Et pour Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, le climat social n'est "pas bon" : le "mécontentement social latent" risque de s'exprimer dans les urnes.
Après l'intervention de François Hollande, se tiendront trois tables rondes thématiques plutôt consensuelles, dont l'une sur la création du compte personnel d'activité (CPA), présidée par Myriam El Khomri.
Le CPA, considéré par François Hollande comme la grande réforme de son quinquennat, doit faire l'objet d'une loi au premier semestre 2016. Il prévoit de rattacher tous les droits sociaux (formation, pénibilité, assurance chômage) à la personne et non plus au contrat de travail. Les syndicats y sont globalement favorables, quand la CGPME agite le risque d'une "usine à gaz" et le Medef exige un dispositif "neutre" en terme de coût.
La deuxième table ronde portera sur la transition énergétique (présidée par Ségolène Royal, Ecologie, Développement durable et Energie) et la troisième sur la transformation numérique (Emmanuel Macron, Economie).
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