La droite populiste suisse, l'UDC, résolument anti-immigration et anti-Union européenne, a enregistré dimanche une progression spectaculaire aux élections législatives, qui la conforte comme premier parti de la Confédération Helvétique.
Elle obtiendrait près d'un tiers des sièges du Conseil national, selon des projections de l'agence suisse ATS et de la télévision publique RTS.
L'Union démocratique du centre gagnerait 11 élus, avec au total 65 représentants à la chambre basse du parlement qui en compte 200. Elle ferait alors mieux que son meilleur score en 2007 quand elle avait obtenu 62 élus.
RTS estime néanmoins le score en voix de l'UDC à 28%, en léger retrait par rapport à son plus haut historique de 28,9% aux élections de 2007. Le décalage entre le score en voix et en députés s'explique par un système à la proportionnelle où se nouent des alliances entre partis.
Dans la chambre sortante élue en 2011 l'UDC occupait 54 sièges.
"Les gens ont voté guidés par la peur", a réagi à la télévision une candidate socialiste, Rebecca Ruiz, estimant que le thème des réfugiés et de l'immigration, favori de l'UDC, avait été "malheureusement très dominant dans la campagne".
Le parti socialiste (PS), deuxième parti du pays, perdrait 2 sièges (46 sièges dans la chambre sortante) et l'autre parti de droite, le Parti des libéraux radicaux (PLR) obtiendrait 3 élus de plus (30 sièges actuellement), selon la RTS.
Par ailleurs, les petits partis du centre et les deux principales formations écologistes perdraient au total 11 sièges.
Dans certaines communes du Jura Bernois, "nous progressons de 4, 8 ou 10 points", s'est félicité Manfred Bühler de l'UDC.
Dans les Grisons, la fille du leader charismatique et historique de l'UDC, Christoph Blocher, Magdalena Martullo Blocher a été élue et à Lucerne, le parti populiste deviendrait la première force politique, détrônant les modérés du PDC (démocrate-chrétien).
- "Immigration contrôlée" -
Pour sa campagne, l'UDC, qui s'est choisi comme slogan "rester libres", n'a pas hésité à recourir aux photos montages, avec des photos de femmes en burka avec pour légende "Islam bientôt chez nous?".
L'affiche la plus radicale revient aux jeunes UDC du Canton de Vaud avec une caricature de jihadiste portant un brassard UE, avec en fond le drapeau de l'Union européenne, qui s'apprête à décapiter une jeune blonde bâillonée vêtue d'un drapeau suisse. "Gardez la tête sur les épaules", clame l'affiche "votez pour la liste UDC".
Alors que la Suisse n'est pour le moment pas concernée par la vague de migrants qui arrivent en Europe, cette question mobilise les électeurs.
Selon un sondage de l'institut gfs.bern, quelque 48% des Suisses estiment que les questions de l'asile et de l'immigration constituent la "première priorité", loin devant les relations avec l'Union européenne.
"Pas question de surcharger les finances publiques et le budget social en ouvrant toutes grandes les frontières, quand tant de jeunes ici restent sur le carreau", avait résumé pendant la campagne Roger Golay, candidat à Genève du MCG qu'il préside, le Mouvement des citoyens genevois, une petite formation de la droite populiste alliée à l'UDC.
L'UDC et le PLR, souvent opposés, vont-ils maintenant travailler ensemble? "Naturellement" a affirmé à la télévision le vice-président de l'UDC, Luzi Stamm. "Nous avons tous le souhait de préserver notre économie et notre prospérité", a répondu plus évasivement Christian Lüscher, du PLR.
Déjà l'UDC, qui a un seul élu au gouvernement contrairement au PS et au PLR, a demandé un portefeuille supplémentaire. Le nouveau gouvernement sera élu le 9 décembre par le parlement.
La spécificité de la démocratie suisse est le multipartisme qui permet à sept partis d'être représentés parmi les 200 élus du Conseil National et à cinq partis de se partager les sept portefeuilles ministériels du gouvernement.
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