Le premier quart de finale de la Coupe du monde, longtemps indécis, parfois irrespirable, a souri aux colosses de l'Afrique du Sud, vainqueurs (23-19) in-extremis de Gallois superbes et courageux samedi à Twickenham.
Quel match, quel final! Serrée, indécise, cette rencontre s'est jouée sur la dimension physique; à l'expérience et à la maîtrise. C'est le demi de mêlée vétéran Fourie Du Preez, champion du monde en 2007, qui a fini le boulot en coin à la suite d'une mêlée idéalement tournée et d'une passe "chistera" de grande classe de Vermeulen. Et écrire une nouvelle page.
L'humiliation japonaise d'entrée à Brighton (34-32) n'est plus qu'un lointain souvenir pour les hommes de Heyneke Meyer. "Nous avons tiré les leçons de ce match. Il fait partie intégrante de notre parcours", a reconnu le capitaine du Preez, dès la fin du match.
En se recentrant sur leurs vertus ancestrales, à savoir le combat notamment en seconde période, une bonne dose de brutalité alliée à la puissance d'un paquet d'avants déterminés, les Boks ont confirmé qu'ils seraient bien des poils à gratter coriaces à sortir de l'épreuve.
Leurs adversaires en demi-finales sont prévenus, il faudra une intensité diabolique et un mental de guerriers assoiffés de sang pour fendre l'armure des Boks.
Les Gallois, qui avaient eu les ressources et surtout le talent pour s'extraire de la "poule de la mort" aux dépens des Anglais notamment, ont résisté 74 minutes à cette grêle, avant de plier devant la patience destructrice des Boks, la classe de Vermeulen et la roublardise de Du Preez.
Ils avaient pourtant de la confiance en magasin après leur succès à Cardiff (12-6) en novembre dernier, le seul de Warren Gatland sélectionneur contre une nation du Sud championne du monde en huit ans de mandat, sauf que les Sud-Africains n'étaient ni les mêmes sur le pré londonien et n'avaient pas la même motivation.
-Regrets éternels gallois-
Les Boks ont mené un patient travail de destruction, sans s'affoler, même lorsqu'ils comptèrent quatre points de retard (16-12, 45), prouvant que leur physique et leur puissance étaient leur seul salut ce samedi.
Que ce fût cruel pour les Gallois, conduits par un grand Sam Warburton, impérial dans les rucks, et par Dan Biggar en état de grâce. Trois semaines après son récital face aux Anglais, le demi d'ouverture a remis ça, avec une facilité déconcertante.
Il se passe toujours quelque chose quand il a le ballon dans les mains. Quand il use de son pied droit magique comme sur cette chandelle (18e), qu'il récupère sur la tête de Leroux, avant de résister au retour de trois Boks et d'adresser une passe décisive lumineuse vers Gareth Davies lancé en soutien pour le premier essai du match.
Du travail d'orfèvre à donner un supplément d'âme et de courage à ses coéquipiers parfaitement rentrés dans ce match et diablement enthousiasmants à voir évoluer, avec leurs renversements et ces inspirations qui ont parfois donné le tournis aux hommes de Heyneke Meyer.
A l'heure des comptes, les Gallois regretteront peut-être ces points envolés sur la première action; où l'ailier sculptural George North fut stoppé à deux mètres de la ligne alors qu'une passe du pilier Gethin Jenkins acheva sa course bien loin de Tyler Morgan, parfaitement démarqué.
Face à ce déferlement de mouvement, les Boks ont longtemps fait le dos rond, et profité de l'indiscipline galloise pour rester dans le match grâce au pied de Pollard, auteur au total de 18 points.
Puis Dan Biggar est sorti (74), visiblement contre sa volonté, alors que les Gallois menaient encore 19-18. Peut-être un tournant. Une minute plus tard, les Springboks obtenaient une mêlée dans les 22 mètres gallois. L'une des rares mêlées du match. Mais tellement décisive.
"Ils ont eu une occasion, et ils l'ont saisie", a noté Warren Gatland.
Les Gallois, auteurs d'une superbe Coupe du monde malgré de nombreuses blessures, vont rentrer à Cardiff la tête pleine de regrets. Comme en 2011, lorsque battus (9-8), ils avaient laissé la France filer en finale pour un petit point
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