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Kaboul (AFP). Dans Kunduz occupée, les femmes afghanes ont replongé dans la peur des talibans

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Kaboul (AFP). Dans Kunduz occupée, les femmes afghanes ont replongé dans la peur des talibans
Une famille afghane de Kunduz qui a fuit pour Kaboul l'invasion des talibans, le 10 octobre dans un hôtel de la capitale - AFP
Quand les talibans sont entrés dans Kunduz, l'animatrice de radio s'est cachée à la cave, tremblant d'effroi à l'idée du retour des islamistes, qui ont traqué sans pitié dans la ville les femmes coupables de travailler. Car l'invasion éclair de cette ville du nord afghan fin septembre, puis les trois jours durant lesquels ils ont tenu la ville, a montré combien les talibans ont peu évolué dans leur vision des femmes depuis la fin de leur régime, renversé en 2001, malgré de très timides ouvertures verbales à leur endroit. Amnesty International a ainsi rapporté les témoignages glaçants de femmes qui ont réussi à fuir Kunduz, certaines évoquant des "viols collectifs", d'autres la présence d'escadrons de la mort chargés d'éliminer militantes des droits de la femme et les femmes journalistes. De quoi alimenter la peur panique de l'animatrice de radio interrogée par l'AFP et qui préfère garder l'anonymat. Quand les talibans ont frappé à sa porte, son oncle a ouvert la porte. "Nous savons qu'une femme travaille chez vous dans un bureau", lui ont lancé les rebelles. "Il a nié, alors ils l'ont fait sortir et ils l'ont abattu. Son cadavre est resté sur le bitume pendant des jours. Personne n'osait aller le récupérer", explique-t-elle dans un récit qui rappelle les cinq années (1996-2001) durant lesquelles les talibans dirigeaient le pays et reléguaient les femmes aux tréfonds de leurs foyers. A Kunduz, de laquelle ils se sont entièrement retirés cette semaine, les insurgés ont mis à sac trois stations de radio gérées par des femmes, pillé une école de filles et vandalisé des agences de promotion de la femme, selon des militants et des habitants interrogés par l'AFP. Mais leurs cibles prioritaires ont été les refuges pour femmes battues, des "lieux de débauche" réservés aux "souillons", à leurs yeux. Hasina Sarwari, la directrice de l'ONG Women for Afghan Women à Kunduz, gère l'un de ces refuges et se souvient bien de la conversation téléphonique qu'elle a eue avec le chef de la commission talibane pour la promotion de la vertu et la prévention du vice, juste après la chute de la ville. "Où avez-vous caché les filles du refuge?", lui demande-t-il. "Elles sont en sécurité à Kaboul", répond Mme Sarwari du tac au tac. Un éclat de rire à l'autre bout de la ligne, puis le taliban lance: "elles ont de la chance d'avoir pu s'échapper". Depuis, le refuge a été réduit en cendres. - 'Mentalité moyenâgeuse' - Assez étonnamment, les talibans ont semblé ces derniers mois adopter une posture légèrement plus ouverte envers les femmes, en paroles, du moins. Certains sont même allés jusqu'à discuter et prier avec des Afghanes lors des premiers pourparlers directs avec le gouvernement de Kaboul en juillet au Pakistan. "Il y a toujours eu un profond fossé entre leurs vagues promesses et le comportement des talibans sur le terrain. Ils continuent de menacer, d'attaquer et de tuer des femmes qui sortent du rôle de subalternes", estime Heather Barr, chercheuse chez Human Rights Watch. "A Kunduz, on a eu un aperçu du peu de sérieux de leurs promesses". Les femmes qui ont fui Kunduz ont évoqué l'existence de "listes de cibles" à abattre, établies par les talibans à partir de registres dérobés dans les différents services municipaux occupés par les insurgés. Les "cibles" ont reçu des SMS des plus explicites comme "ne reviens pas ou nous ne te tuerons". Hasina Sarwari, la directrice de Women for Afghan Women à Kunduz, a, elle, fui la ville en burqa pour plus de discrétion. Aux barrages tenus par les talibans, elle se souvient des fouilles en règle effectuées par les insurgés, à la recherche de tout document prouvant un quelconque lien avec le gouvernement afghan honni. "Les talibans adhèrent toujours à l'idée que la femme doit se soumettre à l'homme, qu'elle n'a qu'une moitié de cerveau et qu'elle n'a finalement qu'une fonction décorative", s'insurge Hasina Sarwari. "Les événements de Kunduz ont montré que leur mentalité moyenâgeuse n'a toujours pas changé".

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