Le président guinéen sortant Alpha Condé a obtenu la majorité absolue au premier tour de la présidentielle, selon des résultats provisoires contestés par l'opposition qui crie à la fraude et envisage recours légaux et manifestations.
La communauté internationale et les organisations de défense des droits de l'Homme, inquiètes du risque de violences post-électorales fréquentes en Guinée, exhortent les candidats à régler leurs litiges en justice et non dans la rue.
Selon les derniers résultats provisoires du premier tour, proclamés vendredi par la commission électorale, Alpha Condé obtenait près de 2,2 millions de voix sur environ 92% des six millions d'inscrits, un score qui, compte tenu de la participation d'environ 66%, lui assure une majorité absolue.
Seuls restaient à annoncer les résultats de Ratoma, la commune la plus peuplée de Conakry où se trouvent les banlieues favorables à l'opposition, et du consulat de Guinée à New York.
Le chef de l'opposition Cellou Dalein Diallo, crédité d'un peu plus d'un million de voix, arrivait loin derrière mais distançait très largement les six autres candidats.
M. Diallo a fustigé une "farce électorale". "Nous ne pouvons pas donc pas reconnaître une telle victoire", a-t-il déclaré à l'AFP.
Les Guinéens avaient voté dans le calme le 11 octobre, mais sous tension, la campagne de M. Condé visant une réélection au premier tour, sous le slogan "un coup KO".
Un objectif jugé par ses adversaires irréalisable sans fraude caractérisée, cinq ans après sa victoire sur le fil au second tour sur Cellou Dalein Diallo.
Le président Condé tablait pour l'emporter sur son bilan: réforme de l'armée et de la justice, achèvement du barrage hydroélectrique de Kaléta, transparence sur l'attribution aux sociétés minières des contrats d'exploitation des précieuses ressources du pays (bauxite, minerai de fer).
Ses détracteurs l'accusent de mauvaise gestion, lui reprochant notamment son échec à éradiquer l'épidémie d'Ebola qui s'était déclarée en décembre 2013 - deux nouveaux cas ont été signalés cette semaine, alors que les pays voisins n'en comptent plus aucun -, d'autoritarisme, et d'attiser les tensions ethniques.
- 'Disputes inutiles' -
M. Diallo a mis en cause les taux de participation d'environ 90 % annoncés dans les bastions électoraux de M. Condé, favorisés selon lui par une série de décisions de la commission électorale assouplissant les règles de vote pendant le scrutin, ainsi que des inégalités géographiques dans la distribution des cartes d'électeur.
"Lorsque dans une élection, le président de la (commission électorale) décide que tout détenteur de carte électorale peut voter, avec ou sans enveloppe, en violation du Code électoral, une telle décision met en évidence même le caractère illégal dans lequel l?élection a eu lieu", a estimé le chef de l'opposition après les derniers résultats.
Qualifiant de "mascarade" la cascade de problèmes logistiques observés le jour du vote, les sept concurrents du président sortant avaient réclamé dès le lendemain l'annulation du premier tour.
M. Diallo a expliqué qu'un recours devant la Cour constitutionnelle faisait partie des options en discussion.
"On se réserve le droit d'utiliser tous les recours légaux, donc y compris les manifestations pacifiques", a précisé le chef de l'opposition.
Selon la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) et des ONG guinéennes, toutes les contestations doivent être "portées devant la Cour constitutionnelle, seule habilitée à trancher les différends électoraux. Les porter dans la rue ajouterait aux tensions actuelles le risque de nouvelles violences".
Un jeune partisan de l'opposition tué la semaine dernière dans les violences de la fin de campagne, Yacouba Diallo, a été inhumé vendredi dans une ambiance de tension en banlieue de Conakry.
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