L'enquête sur le soutien logistique dont a bénéficié Sid Ahmed Ghlam lors d'une attaque jihadiste avortée à Villejuif progresse: un nouveau suspect a été mis en examen vendredi.
Arrêté en Seine-Saint-Denis mercredi avec un autre homme, qui a été relâché, le suspect, âgé de 35 ans, a reconnu en garde à vue avoir vendu des gilets pare-balles à un complice, déjà mis en examen et écroué dans cette affaire, a expliqué à l'AFP une source proche du dossier. Il nie en revanche avoir eu connaissance de la destination finale des gilets, précise cette source.
Mis en examen par un juge d'instruction pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste de nature criminelle, il a demandé un débat différé sur son placement en détention provisoire et a été écroué en attendant.
Trois mois après les tueries de Charlie Hebdo, Montrouge et l'Hyper Cacher, Sid Ahmed Ghlam, jeune étudiant algérien déjà repéré pour sa radicalisation, avait été arrêté le 19 avril, après avoir lui-même appelé le Samu parce qu'il était blessé par balle.
Ce scénario fortuit avait permis d'éviter un carnage. Dans sa voiture et dans sa chambre étudiante à Paris, les policiers avaient retrouvé quatre fusils kalachnikov et autant de gilets pare-balles, un pistolet et un revolver. Des échanges informatiques révélaient des instructions, manifestement d'un commanditaire en zone irako-syrienne pour "trouver une bonne église avec du monde", la présence possible de complices, le projet d'actions simultanées.
Sid Ahmed Ghlam est soupçonné d'avoir voulu prendre pour cible une église de Villejuif et d'avoir tué sur son passage une professeure de fitness, Aurélie Châtelain, dans sa voiture. Il est mis en cause par la présence de son ADN dans ce véhicule et par le sang de la victime sur sa parka, mais il conteste cet assassinat pour lequel il est mis en examen.
- un donneur d'ordre -
Outre Ghlam, trois suspects sont déjà mis en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et incarcérés. Le premier, Abdelkader J., avait été rapidement arrêté, son ADN ayant été découvert dans une Mégane volée où l'étudiant algérien aurait retrouvé une partie de son armement.
Originaire de Mantes-la-Jolie, Abdelkader J. jure n'avoir jamais vu Sid Ahmed Ghlam. Mais il a reconnu avoir été sollicité pour fournir des armes et des gilets pare-balles, selon une source proche du dossier.
D'après son récit, il n'aurait amené que des gilets et la Mégane volée à son donneur d'ordre, Rabah B., et à un autre complice présumé, Farid B. Les trois suspects ont des relations dans la mouvance islamiste radicale, selon une source proche du dossier.
D'après le scenario des enquêteurs, bâti grâce à la géolocalisation des portables, la remise du véhicule s'est faite le 13 avril au soir, à Aulnay-sous-Bois. Peu de temps après, Sid Ahmed Ghlam reçoit un courriel lui indiquant où trouver la Mégane. Quelques heures plus tard, et alors qu'il semble avoir déjà effectué des repérages de deux églises à Villejuif, il réalise une vidéo de ses armes.
Les déclarations de Ghlam ont beaucoup varié depuis le début de l'affaire.
Après une première version rocambolesque -- il aurait trouvé les armes par hasard et se serait blessé en voulant s'en débarrasser dans la Seine --, il a reconnu devant le juge qu'il se trouvait bien à Villejuif le 19 avril, mais avec un complice. D'après cette version, il aurait renoncé à passer à l'acte et n'aurait pas tué Aurélie Châtelain.
Les investigations portent aussi sur les voyages effectués par Ghlam avant les faits de Villejuif, en Turquie via l'Algérie en octobre-novembre 2014, puis en Turquie en février 2015. Devant le juge, Ghlam a déclaré que c'est lors de ce second séjour qu'il aurait reçu des instructions pour frapper en France.
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