Pour sauver les régimes de retraites complémentaires, le Medef a maintenu vendredi sa volonté d'"inciter" les salariés à travailler plus longtemps, avec un système de bonus-malus, mais doit soumettre un nouveau texte de travail dans l'après-midi à des syndicats divisés.
Le patronat (Medef, CGPME, UPA) et les syndicats (CGT, CFDT, CFTC, FO, CFE-CGC), réunis au siège du Medef pour la sixième fois depuis février, tentent de trouver un moyen de renflouer les caisses déficitaires des régimes de retraites complémentaires Agirc (cadres) et Arrco (tous les salariés du privé).
Le patronat est arrivé avec de nouvelles propositions vendredi matin, qu'il s'apprêtait à nouveau à modifier dans l'après-midi.
Le texte transmis à l'ouverture de la séance prévoyait un système de bonus-malus pour les départs à la retraite ne dépendant plus uniquement de l'âge mais aussi de la durée de cotisation.
Objectif: inciter les salariés, à partir de 2019, à travailler une année de plus une fois qu'ils ont rempli les conditions nécessaires pour partir avec une retraite à taux plein (âge légal de 62 ans et durée de cotisation de 41,5 ans).
Ainsi, un salarié remplissant ces deux conditions qui déciderait de prendre sa retraite à 62 ans verrait sa retraite complémentaire amputée de 15% la première année, 12% la seconde et 10% la troisième, avant de récupérer une retraite à taux plein à 65 ans.
En revanche, s'il travaille jusqu'à 63 ans (soit 4 trimestres de plus) ce malus serait annulé.
Autre cas de figure, une personne disposant de ses annuités à 64 ans devrait attendre 65 ans pour partir à la retraite sans subir de décote.
Des bonifications de 10, 20 et 30% seraient au contraire appliquées pendant un an pour les salariés restant en activité deux, trois ou quatre ans de plus.
Les retraités modestes, exonérés de CSG, ne seraient pas concernés.
Le niveau des taux d'abattement et leur durée étaient au coeur des négociations et pourraient être ajustés dans la nouvelle feuille de route, qui devait être présentée à 15h30 aux syndicats. Ils ont rendez-vous à 17h00 pour donner leur décision.
- 'Pressions politiques' -
"Il y a des pressions politiques", a dénoncé Eric Aubin, de la CGT, opposée, comme FO, au principe d'une décote.
Dans la matinée, le négociateur du Medef, Claude Tendil, avait indiqué qu'il "espérait conclure aujourd'hui" et s'était dit prêt à faire un geste sur les cotisations, sans toutefois donner de détail, les syndicats jugeant pour l'heure ces efforts "insuffisants".
Le nouveau plan du patronat prévoit 6 milliards d'euros d'économies à l'horizon 2020, notamment grâce à une sous-indexation des pensions de 1 point par rapport à l'inflation.
Sur ce total, le système de décote ne rapporterait que 800 millions d'euros. Preuve, selon Philippe Pihet (FO), qu'il s'agit d'une "mesure politique" destinée à reculer l'âge de départ.
"Moins d'un salarié sur deux est au travail quand il arrive à la retraite", a rappelé Eric Aubin (CGT), avant de rejoindre les quelque 150 personnes rassemblées à l'appel de son syndicat devant le siège du Medef à la mi-journée.
La signature d'un accord dépendra donc de l'adhésion de la CFE-CGC, de la CFDT et de la CFTC.
"Il y a des choses à modifier mais c'est peut-être jouable", a réagi Serge Lavagna, de la CFE-CGC, rappelant que son syndicat tablait sur un abattement maximum de 10% et pendant deux ans. Il réclame aussi des garanties autour du statut cadre en cas de fusion des deux régimes.
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