Deux ans de prison avec un sursis assorti du remboursement des collectivités locales victimes des détournements ont été requis jeudi contre Lise Han, au troisième jour du procès des "mariages chinois" devant le tribunal correctionnel de Tours.
Le tribunal a annoncé qu'il rendra son jugement le 7 janvier 2016 à 13H30.
Disant vouloir privilégier l'indemnisation des collectivités locales victimes des détournements plutôt qu'une peine de prison, le procureur de la République de Tours, Jean-Luc Beck, a assorti le sursis d'une obligation de remboursement des sommes détournées, ainsi que d'une interdiction de sortie du territoire français et de gérer une société.
Il a "regretté l'absence de Jean Germain", ancien sénateur-maire PS de la ville, qui s'est suicidé le 7 avril dernier, quelques instants avant l'ouverture du premier procès des "mariages chinois".
Dans un sévère réquisitoire, le magistrat a décrit "un panier de crabes, avec un commandeur aujourd'hui décédé (Jean Germain, ndlr), des conseillers, des jaloux, des courtisans, une favorite"
Jean Germain avait nommé en 2008 Lise Han à son cabinet pour superviser les "noces romantiques" en Touraine, dont les marchés revenaient à la société qu'elle n'a jamais cessé de gérer, en recourant à son mari comme "gérant de paille".
Après la parution en 2011 d'articles de presse à l'origine d'une enquête, puis d'une instruction judiciaire, Jean Germain avait imposé l'embauche de Lise Han à la Société publique locale (SPL), chargée de la promotion du tourisme tourangeau dont il était le président.
Le procureur a dénoncé de "joyeux montages" destinés à garantir les marchés à la société Time de Lise Han. "Où sont passés les 800.000 euros" versés à la société Time"? s'est exclamé M. Beck. "Pas en France, ça c'est sûr", a-t-il lui-même répondu, en évoquant des virements vers des comptes bancaires à Taïwan.
L'avocat de Lise Han, Me Gérard Chautemps, n'a concédé que "l'évidence juridique de la gérance de fait" de la société Time/Lotus Bleu par sa cliente mais a estimé que le préjudice "est nul" puisque les prestations prévues par les marchés ont été selon lui fournies et n'étaient pas surévaluées. Il a demandé en conséquence au tribunal de s'en tenir à une peine d'amende, voire "d'entrer en relaxe car Mme Han a déjà suffisamment souffert". "Cette affaire a fait couler beaucoup d'encre, elle a fait aussi couler du sang", a-t-il rappelé en allusion au suicide de l'ancien maire de la ville.
Pour les trois autres accusés, le procureur a pointé du doigt la responsabilité de François Lagière, l'ancien chef de cabinet du maire, contre lequel il a requis une peine de 18 mois de prison avec sursis et une interdiction pendant deux ans d'exercer une fonction publique, et de Jean-François Lemarchand, directeur de la SPL, réclamant une peine de 12 mois de prison avec sursis et une amende de 30.000 euros. Ils sont tous deux poursuivis pour complicité.
Enfin, il a réclamé une peine de trois mois de prison avec sursis et 10.000 euros d'amende contre le mari de Lise Han, qui avait accepté de jouer les hommes de paille pour "rendre service" à son épouse.
Les défenseurs de ces trois accusés ont unanimement demandé la relaxe pour leurs clients, essentiellement car ils estiment que l'accusation n'a pas démontré qu'ils avaient commis intentionnellement les infractions qui leur sont reprochés.
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